J’ai rendu tous mes mémoires (épisode Proudhon terminé). C’est à ce moment là que je suis mise à chanter Emma Daumas (qui s’en rappelle à part moi hein ? Hein?). « Mais depuis toi, le fil du temps n’est pas si droit ». Attends, j’appelle les frères Bogdanov, va falloir qu’on m’explique cette théorie. Ah ah. Si on y réfléchit bien (enfin façon de parler), j’en reviens toujours à regarder des vieux clips sur dailymotion. Ce serait un peu ma « ligne éditoriale » sur ce blog, si j’avais une ligne éditoriale, si j'employais ce mot, et si je travaillais à Marie-Claire.

Là je reviens de Berlin. Bon. L'université Humboldt, la 11ème thèse sur Feuerbach au fronton. Et qu'est ce que je fais en revenant (à part le ménage, ma deuxième passion après cette "ligne éditoriale" - ligne éditoriale, truc de pute ouais)? Je regarde Jenifer en duo avec Serge Lama. L'alliance de Serge Lama et de la star academy. Un cocktail mortel. Il paraît que certains téléspectateurs ont été lobotomisés sur le coup et que Nikos n'y a pas survécu (je devais aussi être devant la télé à ce moment là quand j'y repense).

Elle avait trop de fond de teint. Je crois que c’était pour cacher sa moustache.

- Tiens je t’ai pas dit, ce soir je revois la fille avec qui j’étais avant toi.
- Ah ouais, t’as vraiment rien à faire de ta vie… Tout le monde bosse, bosse, mais toi tu fais n’importe quoi…Bah bravo, je te félicite, tu fais n’importe quoi.

Moi tous les jours je travaille. Je vois pas de garçon. Sauf l’épicier en bas de chez moi, je lui dis bonjour tous les jours avant d’aller au métro. J’ai tellement travaillé Proudhon que quand je pense le nom de quelqu’un y’a que Proudhon qui me vient. « Alors je vais appeler Proudhon...Maman, maman, je vais appeler maman. » ; «Le délire de persécution dans l’œuvre de Proudhon…Merde, Rousseau ». Bref.

- Allo, ici la banque. Vous avez un gros découvert. Il va falloir passer ce soir, et partir de chez cette fille…
- Marine !

- Hé mais ça fait combien de temps que t’es là bas ? Vous élevez votre quatrième enfant ?
- Mais non. Elle me dit ce qu’elle fait maintenant.
- Et qu’est ce qu’elle fait maintenant, c’est une pute ?

Aujourd'hui j'ai décidé de relire mon mémoire en écoutant Superbus

(Buterfly buterfly buterfly ouh ouh ouh ouh). C’est vachement pratique, c’est comme s’il y avait une sorte de bruit de fond derrière moi, complètement dénué de sens. Y’a rien à écouter. Et pourtant. Nouveau mémoire, nouvelles œuvres complètes, nouvelles lunettes, nouvelle rame de papier. C’est la folie.
Où j’habite il y a des arbres, des buissons, des trucs. Les chats vivent tous là. Et là, on est au mois de janvier, et ils sont encore en rut.

- Miooo, miouuuu
- Oh putain, ça recommence.
- Mioooou miouuu miouuu

Au printemps, une dame du rez-de-chaussée a fait une crise de nerf. Elle est sortie de chez elle avec un manche à balai et est allée frapper les buissons.

- Marine, elle fait quoi la dame là ?
- Oh rien, elle frappe les buissons, c’est pour faire fuir les chats…
- Elle a l’air en colère.
- Moi aussi je le suis, mais j'ai juste pas de balai...

Pendant avril, mai juin et début juillet on ne pouvait pas ouvrir une fenêtre sans les entendre appeler à la reproduction. J’ai remarqué qu’ils aiment bien hurler à la tombée de la nuit surtout.

- Mais c’est bon, il y a assez de chat dans cette rue, arrêtez ! Ca suffit ! Mettez des préservatifs merde !

Mais moi je m’en fous, j’ai un casque anti bruit. Avec ça j’entends plus rien quand je travaille. Ni les chats, ni les travaux, ni mon voisin du dessus qui fait des claquettes avec ses nouvelles chaussures Gucci (fils de riche. En plus sa mère vient lui faire les courses et le ménage tous les vendredis. Je me demande si ma mère ne fera pas la même chose à mon frère quand il partira faire ses études.).

C’est la rébellion.

Tout le monde se rebelle et ne veut plus être dans mon blog.

- Ou bien j’accepte, mais tu ne mets que des phrases que je pourrais réellement dire. Ou des phrases que j’ai réellement dit. Tu arrêtes d’inventer ce personnage qui dort tout le temps surtout.
- Oui, je sais. C’est une sorte de conte fantastique, cette histoire de sommeil. J’ai tout inventé du début à la fin. J’ai toujours eu beaucoup d’imagination.
- Tu l’avoues enfin. Bon. Tu peux dire que je suis musclé, que je fais un jogging tous les matins et que je peins des toiles de cinq mètres sur cinq.
- Bien sûr. Mais alors là on tomberait dans un autre conte fantastique…

Sinon j’ai trouvé un téléphone il y a longtemps. Comme mon vieux téléphone a fait une crise de nerf, je l’utilise. Alors là c’est la fête de la langue française. Le téléphone ne connaît ni les accents circonflexes, ni les apostrophes, ni les points -virgules. Je suis obligée d’envoyer des textos de simplet. Enfin je ne devrais pas dire ça. Mon frère va me renier à vie.

- Mais on n’a pas besoin des apostrophes, il suffit de mettre des cœurs et plein de points d’exclamation !
- Tu mets des cœurs ?
- C’est cool hein. C’est ça la vie.

Mais moi je voudrais dire non et mon petit coco tu dois bien réfléchir et arrêter de mettre des cœurs et regarder TF1 sinon tu vas finir comme une gelée. En parlant de gelée, on a été voir Avatar pendant les vacances de Noël.

- Alors là, je n’irai jamais voir Avatar. Tant que je serai en vie, personne ne me verra au cinéma de Dreux, encore moins pour Avatar. Jamais !
- Bon, nous on y va.
- Okay je viens.

Je n’allais quand même pas rester toute seule à la maison pendant Noël.

- Maman, tu sais quel était mon passage préféré ?
- Non…
- C’est quand les animaux géants se battent contre les vaisseaux spatiaux. Et à un moment, l’américain qui veut tuer la nature, il se bat même s’il est blessé, seul sans son armée, quel courage ! Ca c’est de la bagarre.
- Ah ah.

Déjà je déteste la bagarre dans les films, avec des épées, des vaisseaux, des mitraillettes, tout. Et je n’aime pas trop les choses quand tout est simplifié à l’extrême, on dirait que c’est mon voisin qui a écrit le script (mon voisin con).

- C’est une blague ce film ? Non mais c’est une blague ? Hein ? C’est une blague.
- Arrête. Si tu n’as pas aimé tu te tais et tu nous laisses apprécier. Bon, je vais voir le journal de TF1 et mettre des cœurs sur facebook.
- Parce que tu as aimé ? Tu as aimé ? Hein, t’as aimé ? Oh putain…