jeudi 28 octobre 2010

Avec Djamila, on entretient une amitié qui repose pour une part sur l’adéquation de nos idées politiques.


- Hé Marine, je suis républicaine moi, en fait.
- Tu dis ça pour m’énerver.
- Exactement.


En fait elle est marxiste, mais comme c’est mal vu dans les facs de droit de Paris ou d’ailleurs, elle a du mal à se faire des amis.

- J’ai dit que j’allais manifester avec toi cet après-midi. Laisse tomber comment je suis passée pour une communiste.

Cet après-midi, nous sommes donc allées manifester. Tranquillement, on écoutait Saez dans les haut-parleurs ; moi je cherchais l’auto-collant « Je lutte des classes » mais je ne l’ai jamais trouvé. Quand des policiers en civils se sont regroupés (on les reconnaît à leur cuir, leur jean et leur tête vraiment effrayante – sans blague, j’ai cru qu’un groupe de néo-nazis venait chercher la castagne : c’était la police dis donc). Ils ont bien créé une grosse bagarre avec lacrymo et matraques, pour disperser la manifestation. Ils ont tabassé un mec qui était là juste devant les gens, avant de l’emmener pour le finir dans le camion.

- J’ai tout filmé, m’a dit Djamila toute fière.
- Tais-toi, tu veux mourir ou quoi.
- Et au tout début de la manif, tu vois le mec en jean avec un cuir et l’air constipé ? Il faisait semblant d’avoir l’air cool en écoutant un i-pod (il écoutait Michel Sardou ouais). Et bah c’était un policier en civil lui aussi. Il y en avait partout ! Après ils créent des bagarres et ils disent que la manifestation s’est mal passée.

Si toi aussi, tu crois au complot, je crois pouvoir dire que tu seras toujours en deçà de la réalité (et c’est George Bush qui a commandité le 11 septembre).


dimanche 24 octobre 2010

Je tiens à dire que ce soir j’ai refusé plusieurs invitations

pour rester chez moi regarder LOL. Maintenant on comprend pourquoi j’ai un blog, et pourquoi mon réseau de relations ne s’étend pas dans tout Paris (je pourrais mais je préfère les films nuls ; et puis travailler c’est fatigant je préfère dormir en dehors de mes heures de permanence au collège). A la fin du film, il y a écrit « inspiré d’une histoire vraie ».
Tu déconnes ! Une mère qui a une adolescente (qui va dans un lycée parisien avec les Bb brunes, c’est vrai ; ca peut paraître loin de la réalité quand on habite à Dijon par exemple. Moi-même j’habite dans le 94, et ça me semble loin de la réalité). Au-delà de ça, j’avais envie de dire : « inspiré d’une histoire vraie tellement intéressante… La prochaine fois filme ta fille bourgeoise au caméscope et regarde la le dimanche, mais ne nous emmerde pas Marcelle».

Oui souvent je préfère critiquer des choses déjà nulles à la base, plutôt que de parler du Tsai Ming Liang que je me suis commandé sur ebay. C’est un choix tactique, je m'entraîne. J’essaye d’obtenir un job comme Babilouf : rédacteur de n’importe quoi; j’espère bien qu’on m’enverra plein de merdes par coursier (à ce moment là, je pourrai considérer que j’ai réussi ma vie).

vendredi 22 octobre 2010

Aujourd’hui, journée tranquille.

Deux fois les pompiers, une émeute et une agression sur un pion (par un autre pion, c'est ça la nouveauté). Quant à ma matinée à Paris III, qu’on se mette d’accord : c’est toujours une fac pleine de biatches. Plus l’hiver approche, plus elles mettent de fond de teint trop foncé par rapport à leur carnation (elles veulent ressembler à Cathy Guetta c’est pour ça). Le jour où j’ai commencé à regretter de ne pas m’être inscrite à Paris IV (Pourquoi ? Mais pourquoi, me demandé-je tous les soirs en pleurant) c’est quand le sujet du cours de morphosyntaxe a été «genre ». « Genre t’es gentil », ou « genre » utilisé tout seul. Ensuite on en est venus à chercher une couleur de rouge à lèvre Chanel (rouge passion-euhen a dit une fille brillamment maquillée). Ensuite on a cherché pourquoi les filles disaient « euhen » à la fin de certains mots, et puis j’ai sorti un lacet et je me suis pendue. Ensuite au séminaire sur Eugène Sue le prof a inséré un quart d’heure «échanges divers ». Par exemple, il demande si quelqu’un ne veut pas aller faire des photocopies à la BNF pour un de ses amis (c’est même pas payé, le mec a vu la vierge comme on dit-euhen).
C’EST N’IMPORTE QUOI. Ma vie n’a plus de sens. Le temps passe, je m’agite, je m’agace et tout est inutile. J’ai perdu l’ambition, j’ai perdu l’envie de manger des pizzas et d’aller à la piscine. Non je rigole. Mais tout est tout de même en perte de sens.
Heureusement qu’on a des vacances dans l’éducation nationale (sinon on n’a qu’à attendre qu’ils se tuent tous entre eux et ça nous fera des vacances d'office), pendant lesquelles je pourrai lire les Mystères de Paris et la Nouvelle Héloïse, et quelques trucs d’ancien français. En cours je tombe toujours à côté.

- Et « viaus », qu’est ce que ça veut dire ?
- Le a s’est changé en e, le x a remplacé le s je dirais… « vieux »
- Et non ! Ca veut dire je « veux ». Et « Eve » ?
- Bah « Eve » ?
- Mais non « eau » ! Bon, allez, quelqu’un qui était dans mon cours de L3 ! A toi Marjolaine !

Il m’appelle Suzanne et c’est bon je me sens à la maison.

samedi 16 octobre 2010

Une fois j’ai réfléchi (mais après je suis retournée regarder Grey's anatomy), et je me suis rendue compte que je pouvais exercer à court terme, chacun des postes existant au collège. Jusqu’en troisième c’est l’autoroute. Les maths, la physique, la bio, le français, l’histoire géo. Je peux être prof de musique, j’ai douze ans de conservatoire derrière moi, je peux même être prof de dessin (j’ai vu tous les musées de Paris, de Berlin et de Budapest et je me rappelle de toutes les salles –mémoire visuelle).

Alors pourquoi je viens quatre fois par semaine les surveiller à la cantine, pourquoi on m’appelle par mon prénom (ou Suzanne voire Camille la moitié du temps) et pourquoi on me traite comme si j’étais la dernière des demeurées. Parce que j’ai demandé ce poste me direz-vous. Mais est-ce qu’on est obligé de traiter les surveillants comme des demeurés ? Je propose qu’on leur laisse généreusement le bénéfice du doute dans un premier temps et que dans un second temps seulement, on les traite comme des demeurés.

Je prépare le Cambridge certificate.

Tout ce qu'il faut pas faire pour montrer qu'on parle anglais. Je regarde Desperate Housewives sans les sous-titres merde, si c'est pas une preuve que je maîtrise be et have au présent, je ne peux rien faire de plus. Si, chanter What goes around de Justin Timberlake. Au delà, c'est plus de mon ressort.

vendredi 15 octobre 2010

J’ai une nouvelle élève,

une de mon collège (les enfants font la queue pour m’avoir). Cette fois-ci, j’ai réussi à imposer des tarifs exorbitants pour un cours de maths de quatrième. Donc je suis prête à lui apprendre à calculer moins trois par moins cinq autant de temps qu’il faudra.

- Bonjour, je suis la maman de Pimprenelle. Bon, pour les cours ça devrait aller..
- Oui, je la connais un peu, elle m’a l’air d’une élève normale.
- Oh elle n’est pas normale, elle est brillante !


Mais alors pourquoi je lui donne des cours ? La mère de Jean-Michou de la Grenardière, à Nantes m’avait aussi affirmé que son fils était un génie. Pourtant, il n’a jamais réussi à apprendre ses tables de multiplication. Il en était déjà à la théorie des quanta j’imagine.

Souvent quand ils sont vraiment pétés de thunes, les enfants sont des génies (c'est-à-dire que peu importe si oui ou non ils mettent en marche leur cerveau, ils auront un travail, par un jeu de relation quelconque). Moi, souvent, je n’ai pas envie de m’extasier sur les petits bourgeois, alors j’ai répondu « Ah oui ? ».

- Oui, le problème c’est qu’elle n’a pas confiance. Alors elle ne finit pas les exercices.
- Oh je vois.

C’est bien là tout le problème. Je propose qu’on l’emmène dans un spa, pour qu'elle se détende. D'ailleurs si on offrait un spa à tous les enfants du monde, ça règlerait pas mal de problèmes.

jeudi 14 octobre 2010

Il faut qu'on écrive un dialogue en anglais.

"Pretend you meet your ex-mistress. What hapens?". Qu'est-ce qu'il se passe de toi ouais. Non mais là il a craqué le prof normalien. Je ne viens pas à Paris III pour retourner en première. Si la prochaine fois il nous met un article sur le réchauffement climatique je me tire. J'en ai rien à foutre de l'anglais. Je perds déjà mon temps en cours de littérature, j'ai pas tout le temps de ma vie à perdre comme ça. Je dois utiliser le temps qui m'est imparti pour vivre d'une meilleure façon (après je vais mourir c'est pour ça).

mercredi 13 octobre 2010

Quelques fois

j’essaie d’entamer le dialogue avec les autres pions.

- Tiens ! Louis Garrel a réalisé un film. Je vous lis la description : on va bien se marrer tellement c’est bourgeois du vieux Paris. Laisse tomber. Bon, j’irai le voir quand même son film. Histoire de subventionner son appart de 200m² et son coiffeur.
- Quoi ? Mais pourquoi tu veux subventionner un appartement ? De…de qui ?

Et puis ensuite j’abandonne.

mardi 12 octobre 2010

Ma mère était quite a little bit énervée

non seulement que je sois gréviste au collège, mais que j’aille manifester en plus.

- Mais il n’y a plus d’argent, il faut bien travailler plus ! Il n’y a plus d’argent tu ne comprends pas. Bon. Tu ne comprends pas ça m’énerve. Je vais raccrocher. Tu viens pour l’anniversaire de mamie, mais je ne veux plus parler de ça.

J’ai trouvé rigolo son point de vue, selon lequel l’économie c’est l’industrie qui produit des biens matériels. Les services, les produits financiers ne comptent pas. Les bénéfices du capital n’existent pas. Il faut se lever à six heures, aller faire de la mécanique de précision ; modeler de l’acier et gagner son argent (l’économie c’est mon père quoi). Or comme la mécanique de précision est en faillite, il faut bien écouter le gouvernement (CQFD).

- Maman, prenons pas exemple une entreprise comme orange. Ils font beaucoup de bénéfices, qui pourraient être taxés, si même on restait socialiste.
- Mais ils ne peuvent même pas payer leurs employés, tu vois bien ! Ils ne fabriquent plus rien ! On ne peut pas payer les gens s’ils ne fabriquent rien ! On ne gagne pas d’argent si on ne fabrique rien !

Mes parents représentent les artisans presque féodaux, qui ont survécus à la mutation capitaliste. Ils soutiennent l’instance qui œuvre pour leur disparition sans vraiment l’apercevoir, c’est assez masochiste. On n’imagine pas tout ce qu’un individu peut supporter (par exemple notre maison tout en déco bateau). C’est ça le problème
.

lundi 11 octobre 2010

J'ai des projets.

Me faire faire un peeling agressif pour chasser toute trace de mes cicatrices d'acné adolescente. Me teindre en blonde. Me faire opérer des végétations. Un tatouage dans le dos (j'essaierai d'éviter les dauphins, les fées les fleurs et les cerises -apparemment c'est un motif à la mode dans le milieu des tatoueurs qui te refilent l'hépatite C). Je cherche encore quelque chose qui fasse sens et qui soit à la fois esthétique (sinon en dernier recours, je me ferai tatouer la onzième thèse sur Feuerbach au milieu d'une tête de mort).

Je serai ensuite une toute autre personne, je respirerai la crinière au vent; je prendrai le RER et je ne reviendrai jamais.

dimanche 10 octobre 2010

-Tu fais quoi ?
- Bah en fait... Tu connais Lisa. Elle a failli être normalienne, son film préféré est russe des années soixante, et elle lit de la poésie en allemand. Tout à l’heure dans le train, elle m’a dit qu’elle avait rigolé devant l’Arnacoeur. Donc je me suis dit que j’allais le regarder en streaming. Mais est-ce que j’avais le choix ? Apparemment non. C’est qu’il doit vraiment être drôle ce film. Comme Tout ce qui brille
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AH AH AH -enfin bon, je le regarde quand même.

Sinon j’ai ouvert le site BigBetty mais je ne sais pas encore quelle connerie y mettre.

mercredi 6 octobre 2010

Des fois je dis d’un air geignard « je veux qu’on s’occupe de moi », mais personne ne s’occupe de moi, il faut se débrouiller tout seul.


J’aimerais bien que toi tu t’occupes de moi, mais le problème c’est qu’il faut d’abord que je m’occupe de toi. Je veux bien avouer que la création de ta personne a subi de nombreuses infortunes (ma famille, même UMP et légèrement raciste, est mieux que la tienne). Néanmoins, je songe de plus en plus à me reconvertir (depuis quoi deux ans).
Seulement, quand je vois la tête des mecs des autres blogueuses (v’la la tête des mecs, HORRIBLES) et leur dégaine (j’aime l’or, surtout sur les robinets), je me dis que je dois garder le mien, qui a l’avantage d’être beau et de pouvoir faire le guide dans tous les musées d’art du monde (et la vaisselle, mais très lentement); même s’il souffre de troubles majeurs et que je suis seule dans ce couple.

Au collège, j’ai définitivement pris le parti de ceux qui jouent aux échecs et s’habillent à la Halle aux vêtements.


A Paris III, il y a des cours d’anglais. Comme dans toutes les autres facs en fait. Mais cette fois-ci, on ne lit pas la cosmologie de Whitehead, ni la Siris de Berkeley. Non. On fait des débats (truc de hippie). « Au nom de la liberté d’expression, peut-on tout dire ? ».

- You can say what you want, you just have to do it with style.

Fut la réponse du mec le plus beau gosse de la classe selon les critères de MTV (en même temps ils ne sont que deux mecs dans la classe, et l’autre ne se lave pas les cheveux).

- On n’est pas dans la pub pour Puma là. Retourne à République boire des vodka-redbull Justin Timberlake.

Ai-je dit presque à haute voix (à Paris III, j’ai trop la confiance).
Maintenant, je suis sûre qu'il ne me chantera jamais Cry me a river en faisant la choré originale. J'ai tout raté.

lundi 4 octobre 2010

Entre Prince et Spring sur le grand domaine/ où toute beauté prise sans fin se démène

Quand je rentre chez moi, qu'il soit midi ou cinq heures, j'ai qu'une envie: me mettre dans mon lit, écouter Mustango et lire un Houellebecq. Si avec ça j'ai des bougies et du chauffage, c'est le paroxysme du bonheur.

Quand on travaille, on n'a pas le temps de réfléchir (ça tombe bien, à Paris III y'a pas besoin, par contre v'la le niveau en orthographe: ils ont abandonné le langage SMS dès la L2), on n'a donc pas le temps de ressentir une quelconque angoisse existentielle et ça je ne m'en plains pas.

Je suis allée voir La Cerisaie de Tchékhov à l’Odéon.

Laisse tomber. Jeanne Balibar parlait comme Fanny Ardant ; ou plutôt comme Florence Foresti qui imite Fanny Ardant, il faut imaginer le niveau. C’était tellement nul qu’une vieille au balcon a houhouté à la fin. Tchékhov s’est retourné dans sa tombe quand Balibar a hurlé sa réplique de fin « ma belle Cerisaie » (avec une emphase, on aurait dit la pièce que j’ai jouée en seconde).

Sinon désormais, je travaille quatre jours par semaine au collège, pour faire mes dix-huit heures.

- Je peux aussi venir le samedi, entre 16h30 et 17h15 si vous voulez.
- Non c’est bon. Par contre le mercredi, il nous manque quelqu’un entre 10h et 11h, ça ne te dérange pas ?

Ca va vite me déranger que je ne vais simplement plus venir du tout ouais. Comme ça j’aurai enfin le temps de lire la Nouvelle Héloïse (Je rigole. Mais j’ai un cours dessus. Ce qui est bien c’est qu’à Paris III, la prof a à peine mon niveau en Rousseau donc je vais juste avoir besoin de ressortir mes souvenirs de prépa. « La nouvelle Héloïse : c’est long, personne ne l’a lu, mais tout le monde fait comme si »).

Une petite bourgeoise attaquait une petite prolo, cet aprèm dans la perm’ :

- Quoi, t’aimes Gossip Girl ?
- Bah ouais.
- Mais dis-moi, tu regardes quoi comme films en fait?


Et moi je lui dis, non toi avec tes bottines à talons, tu regardes quoi comme films ?

- Moi ? Les bons réalisateurs français, Christophe Honoré, Jean-Louis Godard…