dimanche 30 octobre 2011

Ma grand-mère a Alzheimer. Elle ne se rappelle plus qui est ma mère entre toutes mes tantes (raté: ma mère n'est pas ma tante). Par contre elle se rappelle exactement de moi -c'est normal, elle m'a pratiquement élevée et j'ai de la chance, j'appartiens à l'espace-temps dans lequel sa mémoire évolue désormais: ses soixante ans (raté: elle a quatre-vingt huit ans).
Je voulais juste dire que même si elle ne se rappelle plus de rien, elle sait très bien que je suis célibataire, et me demande toujours: "tu es toujours toute seule? tu n'es plus avec Maurice, avec... comment... ". Pour ça, ça va, il n'y a pas de problèmes de mémoire.

vendredi 28 octobre 2011

Je me rappelle

que quand j'étais en terminale, je croyais que Cédric Klapish était un grand réalisateur. Mais il faut aussi savoir que mes deux meilleures amies et mon idole du lycée n'ont pas eu leur bac, que le cinéma ne passait que Scream et American Pie, que les professeures d'SVT connaissaient à peine le programme et que les garçons émettaient une sorte de sifflement sourd pour interpeller les filles dans la rue; ou dans les couloirs du lycée.
Et on s'étonnait parce que j'avais des amis sur internet?

jeudi 27 octobre 2011

Ma très bonne amie Mélanie, m'a envoyé ça:

Peut-être alors la fatigue et la tristesse que je ressentis vinrent-elles moins d'avoir aimé inutilement ce que déjà j'oubliais que de commencer à me plaire avec de nouveaux vivants, de purs gens du monde, de simples amis des Guermantes, si peu intéressants par eux-mêmes. Je me consolais peut-être plus aisément de constater que celle que j'avais aimée n'était plus au bout d'un certain temps qu'un pâle souvenir que de retrouver en moi cette vaine activité qui nous fait perdre le temps à tapisser notre vie d'une végétation humaine vivace mais parasite, qui deviendra le néant aussi quand elle sera morte, qui déjà est étrangère à tout ce que nous avons connu et à laquelle pourtant cherche à plaire notre sénilité bavarde, mélancolique et coquette. L'être nouveau qui supportait aisément de vivre sans Albertine avait fait son apparition en moi, puisque j'avais pu parler d'elle chez Mme de Guermantes en paroles affligées, sans souffrance profonde. Ces nouveaux moi qui devraient porter un autre nom que le précédent, leur venue possible, à cause de leur indifférence à ce que j'aimais, m'avait toujours épouvanté : jadis à propos de Gilberte quand son père me disait que si j'allais vivre en Océanie je n'en voudrais plus revenir, tout récemment quand j'avais lu avec un tel serrement de coeur les mémoires d'un écrivain médiocre qui, séparé par la vie d'une femme qu'il avait adorée jeune homme, vieillard la rencontrait sans plaisir, sans envie de la revoir. Or il m'apportait au contraire avec l'oubli une suppression presque complète de la souffrance, une possibilité de bien-être, cet être si redouté, si bienfaisant et qui n'était autre qu'un de ces moi de rechange que la destinée tient en réserve pour nous et que, sans plus écouter nos prières qu'un médecin clairvoyant et d'autant plus autoritaire, elle substitue malgré nous, par une intervention opportune, au moi vraiment trop blessé. Ce rechange, au reste, elle l'accomplit de temps en temps, comme l'usure et la réfection des tissus, mais nous n'y prenons garde que si l'ancien contenait une grande douleur, un corps étranger et blessant, que nous nous étonnons de ne plus retrouver, dans notre émerveillement d'être devenu un autre, un autre pour qui la souffrance de son prédécesseur n'est plus que la souffrance d'autrui, celle dont on peut parler avec apitoiement parce qu'on ne la ressent pas. Même cela nous est égal d'avoir passé par tant de souffrances, car nous ne nous rappelons que confusément les avoir souffertes. Il est possible que, de même, nos cauchemars la nuit soient effroyables. Mais au réveil nous sommes une autre personne qui ne se soucie guère que celle à qui elle succède ait eu à fuir en dormant devant des assassins. Sans doute, ce moi gardait encore quelque contact avec l'ancien, comme un ami, indifférent à un deuil, en parle pourtant aux personnes présentes avec la tristesse convenable, et retourne de temps en temps dans la chambre où le veuf qui l'a chargé de recevoir pour lui continue à faire entendre ses sanglots. J'en poussais encore quand je redevenais pour un moment l'ancien ami d'Albertine. Mais c'est dans un personnage nouveau que je tendais à passer tout entier. Ce n'est pas parce que les autres sont morts que notre affection pour eux s'affaiblit, c'est parce que nous mourons nous-mêmes. Albertine n'avait rien à reprocher à son ancien ami. Celui qui en usurpait le nom n'en était que l'héritier. On ne peut être fidèle qu'à ce dont on se souvient, on ne se souvient que ce qu'on a connu. Mon moi nouveau, tandis qu'il grandissait à l'ombre de l'ancien, l'avait souvent entendu parler d'Albertine ; à travers lui, à travers les récits qu'il en recueillait, il croyait la reconnaître, elle lui était sympathique, il l'aimait ; mais ce n'était qu'une tendresse de seconde main.

Albertine Disparue, Proust. Mélanie a lu toute la Recherche et fait preuve d'une grande bienveillance.
1. Cet envoi signifie à peu près le fameux: "un jour tu te réveilleras et tu auras oublié Boris". Je n'en suis pas encore à la tendresse de seconde main, je n'y arrive pas, pourtant je fais beaucoup d'efforts. J'ai vu quelques films où le personnage aime durant toute sa vie un même individu, de façon unilatérale. Catherine Deneuve, par exemple, aime Jaromil même quand il est joué par Milos Forman (qui a à peine forme humaine; c'est vraiment pas banal). Et là, je dois vous dire que ça me fait flipper. C'est bien mon genre l'unilatéralité en plus. Et si j'étais coincée pour une durée indéterminée. C'est tout le problème quand ton amant ne meurt pas.
2. Mélanie est-elle convaincue que l'on peut tout penser avec Proust, parce que tout a été pensé par Proust (oui)? Je citerais à cet égard Dawson, qui lui, imaginait que tout était dans Spielberg; cependant, on ne peut pas vraiment s'y fier étant donné qu'il est le fruit d'un mauvais scénariste américain qui trouvait certainement underground le fait d'aimer Spielberg. Tu as un peu foiré sur ce coup là mon petit gars.

mercredi 26 octobre 2011

J'aime beaucoup chanter

avec la musique très fort (Boris disait que je chantais faux, et avec des tics de chanteuse de R'N'B - écoute répétée de skyrock durant toute l'adolescence). Il disait aussi que ça faisait du bien de pleurer, parce qu'à un moment il y avait production d'endorphines. On peut faire les deux en même temps, telle la fille la plus pathétique du monde -je peux tourner un clip d'MTV avec du maquillage qui coule; je me maquillerai pour l'occasion.
Je me dis que si un jour je retrouve mon moral sautillant pour plus de quarante-huit heures, ça sera gagné. Tandis que toi mon petit babichou, quelque soit le nombre de meufs que tu uses jusqu'à la moelle, tu es un peu foutu à vie.
Quand tu pleurais je revenais toujours avec toi.

lundi 24 octobre 2011

Je suis allée voir

deux fois Mélancholia, parce que c'est tellement parfait. Je suis allée voir deux fois Les bien-aimés pour chialer quand Catherine Deneuve chante: "je peux vivre sans toi oui mais, le seul problème, mon amour c'est, que je ne peux vivre sans t'aimer". Je suis allée voir deux fois Polisse, parce que y'a Joeystarr qui danse (et pour la fille qui a sucé pour avoir son portable, grand moment de cinéma).
J'ai vingt-quatre ans et je n'ai plus d'énergie. Je suis bien calmée. Quand j'aperçois une lueur de quelque chose dans un film (souvent quand il y a une chanson), je m'éveille un peu et j'y retourne pour me réveiller une nouvelle fois. Pour Mélancholia c'est différent, c'est juste que je suis exactement dans le mood.

vendredi 14 octobre 2011

Mon voisin du dessus

fait une de ses soirées avec ses amis riches. Ils parlent fort de Bernard Henri Lévy et de Montebourg - ça tombe bien, demain matin j'ai un examen à Censier, j'avais pas besoin de dormir. Le problème avec ces gens (en dehors du fait qu'on a envie de leur péter la gueule et qu'ils fument devant ma porte alors que est-ce que moi je viens mettre du camembert avarié sous le paillasson de ce mec pour pourrir l'atmosphère, non - manifestement je devrais) c'est qu'ils n'ont même pas la décence de s'éparpiller à une heure, pour prendre les derniers métros. Ils prennent le taxi ces chacals. Ils ne restent pas non plus avachis sur un canapé ou sur des coussins dans un coin, jusqu'à quatre heures du matin à parler (à un niveau de décibels vraiment raisonnable) de la vie sessouelle de Rassinoux, comme on fait nous quelques fois. Non vraiment, en dehors de mes amis, quelques cinéastes et pas mal de philosophes, l'humanité ne vaut pas le coup. C'est abrupt, mais il fallait le dire.

mardi 11 octobre 2011

« Regarde-moi, dis-moi des mots tendres

(…) je veux, je commande, regarde-moi, j’ai besoin de tes yeux, c’est le miroir où j’existe et sans eux je ne me vois pas» Stéphane Mallarmé (Jean-Jacques Goldman)

Je sais bien que j’écoute les musiques pourries de mon enfance, quand je ne me sens pas de me projeter dans le présent (on est bien mieux en pyjama, non ; oh oui). Depuis ce week-end, « D’eux » de Céline Dion a refait surface (c’est pas moi c’est Julie). C’est le premier CD qu’on m’a offert, je l’écoutais sur ma mini-chaîne, en dessous de mon lit en hauteur, blanc. Et là je suis exactement à plat ventre sur ma moquette violette, je suis en CM2 et la chambre sent le contre plaqué du lit et une sorte de moisissure sèche. Le silence est complet, en dehors de Céline Dion, il n’y a pas beaucoup de lumière, rapport aux deux toutes petites fenêtres. Au plafond, un hamac en corde bleue rempli de peluches. Mon frère, ce petit bâtard, chante des chansons de l'école maternelle devant tout le monde aux repas de famille. Mes parents disent qu'il a une voix exceptionnelle (ils disaient l'année dernière encore qu'il irait en médecine et qu'il deviendrait riche). On ne peut pas vraiment compter sur leur présence d'esprit.

lundi 10 octobre 2011

Au début ça m’a fait bizarre

de ne plus fréquenter personne qui ait un égo surdimensionné et juge d’un œil sévère toutes les productions artistiques du monde. Je me suis doucement attribuée ce rôle, par un effet de substitution ; puisque plus personne ne l’était en face de moi, il m’a fallu l’incarner pour rétablir l’équilibre. Les lois des variations individuelles en milieu social sont complexes – quoi qu’il en soit, je ne suis plus Gisèle Guimier. Maintenant que je suis allée voir trois fois Melancholia, que je lis Shopenhauer, que je prends du lexomil, et que tout cela tient d’une conduite parfaitement habituelle, on peut dire que j’ai absorbé mon précédant partenaire. La prochaine fois je ferai en sorte de manger un clown. Pour le bien de tous. Le vôtre, et le mien.
Je suis une personne simple. De quoi j'ai envie? De vivre à Poudlard, que le plafond soit rempli de bougies, qu'il y ait un banquet où on mangerait des pattes de poulet à la main. Peinard.

vendredi 7 octobre 2011

J’ai fait des vidéos pendant la dernière soirée,

et je me suis rendue compte que je suis vachement bien quand j’ai bu. Je devrais boire plus souvent. Je ne sais pas pourquoi je préfère les psychotropes (si je sais, c'est parce qu’ils ne donnent jamais envie de vomir).
Heureusement que j'aime vraiment étudier (je suis même contente avec de la morphosyntaxe; du moment qu'on ne bafoue pas -trop- la pensée tout va bien), parce que sinon je ne sais pas ce que je deviendrais. Chaque année peu importe ce qui se passe (en général, on me quitte; mais j'espère que l'année prochaine je serai paraplégique), du moment que je suis étudiante tout va bien, surtout durant le temps que je passe à la fac, l'esprit occupé (parce que sinon je suis obligée de garder mon esprit occupé avec Secret Story et bon, je n'ai pas envie de finir blogueuse beauté).

mercredi 5 octobre 2011

J’aime bien Benoît Mariage, cette mouvance du film belge, et surtout j’aime Benoît Poelevoorde. Presque autant que Michel Houellebecq. Dans le genre qui restitue le tragique de la vie (ils sont déprimés, et admirables). J’aime bien le Père Goriot aussi. Ca va mal en ce moment, ça va mal.

mardi 4 octobre 2011

Un instant ça va, et puis le suivant on se retrouve à regarder American Pie 1, 2, 3 et à écouter Sum 41. Putain mais mon moral où est-il. Je commence à croire qu'il est définitivement niqué. J'ai l'impression que tous les gens de bonne humeur prennent de la coke: mais non, c'est juste moi qui suis pourrie en comparaison.