lundi 27 février 2012

En ce moment

je cherche un directeur de thèse. Histoire de voir si un Reine peut aller chatouiller les étoiles du firmament universitaire, ou, si on va bien rester des bœufs d’attelage (quelle violence ; mais il faut voir la violence du milieu : les lignes de com’ de TF1, la moquette murale, les soixante-dix heures de travail, l’espérance de vie réduite et tout quoi).
Je l’ai écrit depuis Noël ce projet de thèse, même si je faisais comme si, oui je l’écrirais bien, mais je fume trop de shit les mecs. C’est ça. Je ne suis plus toxico de rien. Je ne prends rien du tout (en continu et qui finissait en « -zépam » ; que ce soit tétra ou broma) depuis août. Et ouais. Médaille personnelle des six mois.
J’ai envoyé des mails à tous les chercheurs en littérature contemporaine de toutes les universités de France (j’attends encore un peu avant de conquérir les Etats-Unis). J’insiste. Je n’ai pas l’intention de me taire. Les chercheurs détestent Houellebecq, ne veulent pas me répondre, n’ont pas lu mon projet de thèse et n’ont pas l’intention de le lire etc. Comme d’habitude.
Mais il y a UN mec qui m’a répondu. Un seul mec, sorti de nulle part. Je ne lui avais même pas envoyé de mail. Il me dit : bonjour, je suis dix-huitièmiste, j’aime bien la philosophie, et Houellebec -il l’écrit comme un bec ; comment va-t-on faire-. Vous ne m’avez pas contacté, mais j’ai entendu mes collègues parler de votre projet. Je veux diriger vos recherches, si vous le souhaitez. Prenons rendez-vous à Nantes.
Parce que le mec il est maître de conf’ (c’est comme « Place d’It’ », du vocabulaire d’initié qui énerve un peu le profane) à Nantes. C’est pas que ça me dérange d’être rattachée à la fac de Nantes, mais ça me dérange quand même un peu. Merci bien, mais si c’est pour finir alcoolique au rhum de peur de croiser Boris et sa meuf aux dents d’un assemblage plus que douteux, quand je devrais me rendre à Nantes, ou même associer ma thèse à toute cette douleur qui ne s’en ira jamais même si elle s’atténue (il faudrait écrire un poème lyrique dessus, quelque chose, vous ne pensez pas ; ou bien ça se trouve Anna Gavalda a déjà fait un roman dessus et c’est bon, la place est prise), alors là je ne suis pas d’accord. A la limite, je préfèrerais rester à Paris 3. A l’extrême limite, et seulement si le hammam de la mosquée de Paris, tout à côté, est nettoyé au moins toutes les semaines. Voilà mes conditions.

mardi 14 février 2012

En ce moment

oui j’ai un rhume -c’est ça d’affronter le vent du quai du Louvre- et je ne vais pas en cours (tout à fait, c’est très handicapant de se moucher ; et puis à Paris 3 c’est pas mal, on peut manquer deux semaines, revenir, on n’a rien manqué). De toute façon, je ne peux pas sortir, j’ai du travail : il y a des tutoriels maquillage sur youtube, faits par des meufs mais genre mais léopard, terracota, des bijoux en plastique doré, beaucoup de mascara, allure de stéréopute, et la meuf elle fait des tutoriels, elle dit « malgré qu’ils soyent » la totale ; ça n’existe pas, la fille je ne sais pas d’où elle vient. Il faut absolument que je voie tous ses tutoriels. Je vais raser mes sourcils et les dessiner au crayon marron ; mettre du rouge à lèvre blanc argenté et surtout il me faudra un piercing sur l’aile du nez, et à ce moment là, à ce moment précis, j’aurais l’air d’une pute slovaque (mais les putes slovaques n’en font pas exprès, c’est la mode en Slovaquie).
Je suis pour la création d’un confort bourgeois généralisé (au lieu des petites huttes en terre post révolutionnaires); au lieu de tous vivre comme des galériens et de vouloir ressembler à Missy Elliot, hein, pourquoi pas.

samedi 11 février 2012

Je me baladais peinard sur facebook,

n’ayant pas du tout envie de regarder le facebook de Boris ou de sa meuf à travers les failles de sécurité (si ; c’était le moment où je n’arrivais plus à me retenir, je me retiens en général et depuis longtemps, pour mon propre bien). Quand tout à coup j’ai reconnu la pliure de son coude dans une chemise aux manches retroussées, et son implantation de cheveux derrière un masque tête de bouc je ne sais pas quoi lors d’une performance dans un tout petit coin de la photo. Laisse tomber. J’avais arrêté le sport depuis Noël. C’est aujourd’hui le moment de m’y remettre pour barrer la route à tout ce qui peut, pourra, pourrait ressurgir (le principe de précaution : courir, un hammam avec la BFF, en sortir épuisée, voir un film à Odéon, et dormir, si j’ai encore un petit reste de quelque chose, l’éteindre avec ce que vous savez).
Ce que j’aime vraiment faire en ce moment, c’est sortir la nuit dans notre bar de Bastille, avec Mélanie, et du troisième étage surplombant les lumières de la nuit (oui je fais de la poésie quand je m’ennuie, c’est beau hein), parler de Michel Houldebecq et d’autres choses en mangeant un tartare, rentrer en noctilien écouter cocoon, mettre mes pieds sur les sièges de devant au cinéma et tout ça.

jeudi 9 février 2012

Depuis que megaupload a fermé

et que les lecteurs en streaming restants sont payants, je suis à deux doigts de regarder Marcellino Panivino sur tf1 replay. Le dessin animé avec un petit orphelin gentil. Attention. C’est un truc que je vais faire sans en mesurer les conséquences.
J’ai dépassé mon stade de désœuvrement maximal (deux jours sans aller en cours), et là je suis mélancolique (comme Kirsten Dunst). Mais j’ai compris maintenant. Il faut vivre en se laissant suffisamment de temps désœuvré -un jour entier tous les deux jours par exemple-pour lire de la philosophie, écrire des projets sur Houellebecq que seule Mélanie va lire, mais pas assez pour entrer dans la phase mélancolie -plusieurs jours d’affilée-. C’est une histoire de dosage, mais une fois qu’on a trouvé le bon, c’est parti (comme pour le lexomil).
C’est comme une sorte de vaccin de s’être fait jeter (d’une vraie relation j’entends, arrêtez de vous plaindre en dessous de trois ans bande de branquignoles -j’adore dire ça- ; « tu ne sais pas comment j’ai souffert okay, tu connais pas ma vie, en trois mois je lui avais donné mon coeur» diraient les putes de pionnes ; tu lui avais donné rien du tout, tu ne connaissais même pas son nom de famille ferme ta gueule), après on a totalement peur d’entrer dans une relation réelle (qui comprend pour moi l’admiration, et pour l’instant j’ai un peu personne à admirer ça tombe bien ; mais j’ai peur quand même).
Il y a un truc : j’aime bien aimer. J’aime bien les relations très longues, quand on possède une histoire et un système référentiel commun (l’extrême gauche, et les productions humaines fines ; quand j’aime bien quelqu’un c’est que je soupçonne qu’à un moment, quand il aura toutes les cartes en main il sera révolutionnaire -ou à défaut, s’il avait un jour toutes les cartes en main-), quand il y a une bienveillance mutuelle. Et aussi, j’aime les vannes lancées à un rythme frénétique. J’ai l’impression qu’on atteint cette frénésie virtuose, quelques fois, quand on est bien chauds, avec mes amis. C’est déjà ça. En attendant, je répands mon amour sur le monde et j’en profite pour lire Barbey d’Aurevilly ; Barbey, ou le temps que tu comprennes la structure syntaxique de sa première phrase tu es déjà dans un demi-sommeil.

samedi 4 février 2012

Je crois que mon voisin n'en peut plus

de m’entendre chanter Sniper à trois heures du matin ; en plus avec Rassinoux qui change les paroles, on n’a aucune crédibilité (et puis c’est une sorte de blasphème de toucher aux paroles saintes). Depuis qu’on a miaulé, telles des chats écorchés vifs, plusieurs fois ces derniers mois au beau milieu de la nuit, je vois bien que quelque chose à changé chez lui ; il ne porte plus ses petites chemises bleues comme avant.
Hier on voulait rentrer de Saint Cloud après une soirée social-démocrate par une nuit d’hiver, et il y avait une fine équipe dans la gare. Ca ne lésinait pas sur la sécurité. Deux quais, pas de train, mais sept mecs qui suivent dans chacuns de leurs déplacement tous les sarrasins qui passent par là (la méthode Charles Martel, déjà expérimentée à Levallois-Perret), qui s’occupent de virer un mec qui vomit : l'évènement le plus traumatisant depuis qu'une vieille s'est cassée le coccyx dans le hall, en 2009. Alerte à toutes les unités, quelqu’un a vomi dans la gare de Saint Cloud les gars, appelez la BAC, les stup’, les moeurs, Julie Lescaut et le mentalist. A Saint Cloud, il y a un mec qui vomit, la caserne de pompier est mobilisée.
Encore une soirée qui viendra garnir les rangs de nos histoires de légende (dans tous les groupes, il y a une sorte de mythologie: cette soirée où j’ai été dans la fontaine place du Martroi, la fois où Pauline criait du Agrippa d’Aubigné dans une manifestation, la fois où il y avait un sanglier la nuit, dans la forêt de Saint Lyé, quand Benjamin a mangé une crevette au chocolat à Pantin -on est des déglingos nous-, la fois où Mélanie voulait savoir si on l’aimerait toujours vers deux heures du matin devant la cathédrale de Bourges, le concert de Cheikha Rimitti ou l'histoire sans fin, la fois où on a fumé de la mauvaise beuh en rond, sur Adele, en se tenant par les mains dans une union spirituelle intense).
Quelques fois la nuit, je sillonne le quai du Louvre pour rentrer chez moi, genre trop genre quoi. C’est la nuit, il bruine, j’écoute des chansons noires d’Alain Bashung et j’ai l’impression de porter un blouson en cuir et de marcher telle un loubard ; en fait je porte un bonnet à pompon, mais il n’y a personne pour me contredire j’en ai rien à foutre, et je suis trop contente.