vendredi 20 avril 2012

Je mangeais

un burger avec Gwen à l’étage, rue de l’Ecole de médecine. On parlait de son dernier mec (le soixante-douzième ; en comptant seulement ceux dont elle se rappelle le prénom), elle lui avait brisé le cœur ; il avait pleuré le soir chez lui en jouant à la playstation. Et je lui dis : « Laisse tomber, lui c’est rien, c’est moi qui ai le plus souffert du monde ». C’était pour rire. Parce que je l’ai fait chier tout l’été, puis l’automne, en terrasse, à Saint Michel, et l’hiver, à Odéon ; parce que je suis restée le plus longtemps du monde sur ma rupture et que même ma mère perdait patience. « Oui, c’est vrai », qu’elle me répond. « Tu aurais vu ton état ».
Ah merde. Tu veux dire que mes joggings-pyjamas de La Redoute faisaient tâche en terrasse? Ou bien tu n’as pas aimé quand je disais que le monde n’avait plus de sens, que je n’étais plus que l’ombre de moi-même, que j’étais un fantôme, morte à l’intérieur etc. J’écoutais Lara Fabian en pleurant quand même, je ne le souhaite à personne ; c’est traumatisant.
Je pense que celle-là était dure mais que les autres passeront comme une lettre à la poste.
C’est le repositionnement qui m’a posé problème. Je m’étais confortablement appareillée existentiellement, pour l’éternité. Et puis je n’aime pas le changement. Et je ne comprends pas très facilement les choses. Je viens de comprendre, le mois dernier, qu’il ne m’aimait pas. Devant notre ancien immeuble moucheté de cœurs à Nantes. Je me suis assise sur le perron, c’était un peu étrange ; j’ai fait le tour du pâté de maison. Et depuis je me sens moins lourde.

jeudi 19 avril 2012

Je suis allée à la gym suédoise d'en bas, avec Rassine.

Elle n’a pas trop aimé faire cours au milieu des bourgeoises blondes trop bien foutues. Je vois pas le problème. Moi j’adore. C’est mon élément. Mais à un moment faut y aller et sauter sur place pendant une heure, c’est une question de vie ou de mort. Du moment qu’ils passent pas tout l’album de Shakira pendant le cours, c’est bon. J’ai révisé mon seuil de tolérance.
En réparation du préjudice, je l’ai accompagnée au cinéma, pour voir un film français avec Yvan Attal. Un merveilleux film comique avec un scénario aux petits oignons. Traduire par : un film qui se voulait dramatique avec un scénario écrit par Marc Lévy (je ne suis plus que l’ombre de moi-même, je suis mort à l’intérieur, je suis un fantôme ; non Pierre, tu n’es pas lâche ; je t’aimerai toujours Pierre ; je te quitte Pierre). Après j’ai même pris le métro (les dialogues m’avaient tellement émue j’ai rien compris à ce qui m’arrivait). Quelques fois je me retournais vers Rassine pour bien constater qu’on rigolait toutes les deux.

samedi 14 avril 2012

Je ne suis pas difficile.

Je veux bien tomber sur l’Heptaméron de Marguerite de Navarre à l’oral du CAPES ; sur Ronsard, je ne dirai rien. Mais par contre, je voudrais juste, mais juste, de ne pas être convoquée pendant Solidays. Parce que je me vois bien fumer un joint en écoutant Joeystarr au crépuscule du dimanche ; il y a plein d’autres trucs que je veux faire, dont écouter Brigitte et consoeurs, manger un thaï, m’asseoir dans l’herbe, mettre mes wayfarers et un pantalon à toutes petites fleurs très doux, des sandales... J’ai du travail de bobo à accomplir, c’est pas facile okay.

lundi 9 avril 2012

Sinon je voulais dire un truc

sur mon prénom. Même si mon père a des accointances avec l'UMP qui dérivent vers le racisme -mais s'il avait toutes les cartes en main, il serait révolutionnaire je l'assure; il entrevoit déjà l'existence séparée de la communication et de la philosophie politique-, c'est à cause du prénom de la fille du docteur -et aussi le prénom de celle du podologue-; mais je préfère l'histoire du docteur.
Ma grand-mère me racontait souvent que mon père, dans ses pantalons de Bee Gees, était arrivé le soir après l'accouchement et avait dit en pleurant: "Marité, j'ai une fille!". Ma grand-mère s'appelait Marie-Thérèse, elle venait du Nord, a eu quatre enfants et m'a élevée avec des bonbons à la violette en forme de violettes, j'aimais beaucoup l'odeur de sa poudre et elle mettait souvent un pull émeraude très doux, brodé de perles sur le devant. Elle me prenait dans ses bras quand j'étais petite et me disait toujours que je n'étais pas grosse. On mettait des cierges toutes les deux à l'église du centre ville.

En ce moment c’est vrai, j’entretiens mon moral à la lycée

(à la manière dont j’ai vécu ma période du lycée ; la vôtre, je ne sais pas). Et à ce propos, Pink est toujours là, elle fait toujours les mêmes chansons.
Je ne me laisse pas le temps de réfléchir. D’où mon train de vie royal sans lexomil. D’ailleurs l’indicateur de ma santé mentale c’est la vaisselle, bitch. J’avais envie de le dire : la vaisselle bitch. Et je fais la vaisselle tous les jours. Je sors tous les soirs depuis l’été. Je fais du sport, je vais à Pigalle manger japonais avec Housniche et Djamila alors que celui en bas de chez moi est bien meilleur, je vais à la Comédie française, voir des films, manger des burgers, marcher d’Odéon à Bastille. Je vais même voler des caddies dans un Ikea du Val de Marne avec Gwen. J’ai envie de faire pipi dans ma culotte, dans l’escalier, quand on remonte dans mon appart, à force de rire. On vole des verres quand le serveur est désagréable. On empeste le cinéma de menus best of. J’ai des fous rires. Ca, c’est un autre indicateur de mon moral. Le troisième, c’est le smoky eye.
Le truc c’est qu’avant je n’avais aucune énergie surnuméraire à dégager pour vivre (alors pour rigoler c’était mal parti). On m’appelait pour faire quelque chose, et je disais non. Je voulais dormir. Maintenant que je n’ai plus à m’occuper que de moi-même (se préoccuper de quelqu’un d’autre, même en pensée, c’est assez fatiguant) je dégage de plus en plus d’énergie.

Mon cousin anglais par alliance m’a dit un truc en anglais la dernière fois (parce qu’il ne parle qu’en anglais le mec ; c’est un anglais ; il s’amuse à me saper le moral à chaque fois qu’on discute, il me demande, mais pourquoi tu veux être professeur alors que vraiment, aucun n’élève de peut imprimer quoi que ce soit, as-tu la preuve d’un seul élève auquel l’école a servi ; il croit juste au cinéma américain le gars). Sinon je crois que j’ai compris l’idée. C’était « alors ton ex a déterré tous les os de son jardin pour reconstituer un squelette complet ? ». You mean he was a psycho?

J'oubliais. Christina Aguilera est toujours là elle aussi, même si l'alcoolisme a fait son travail de relooking comme il faut. Voici les paroles d'une chanson que je chantais à l'époque (du forfait millénium):
"'Cause it makes me that much stronger
Makes me work a little bit harder
It makes me that much wiser
So thanks for making me a fighter
Made me learn a little bit faster
Made my skin a little bit thicker
Makes me that much smarter
So thanks for making me a fighter"
En fait je bougeais mes lèvres sur la chanson suivant les vraies paroles quand on se voyait le week-end, avec mes amis. Ils étaient impressionnés par mon niveau en anglais. Je sais.