jeudi 29 novembre 2012

Je ne sais pas si c’est parce qu’on devient plus vieux.

Mais nous devenons d’un sentimentalisme. A s’envoyer des textos : je pense à vous ce matin, à se dire qu’on s’aime sur les quais de métro; après deux verres de vin on se fait des câlins sur la piste de danse.
C’est, je pense, la confrontation entre le monde (les impôts, les nouvelles vaccinations contre la tuberculose et la coqueluche pour ceux qui entrent dans le Tiers-Monde - aka l’Education nationale-, les collègues, la secrétaire du principal, le RER) et le cocon qu’on s’est créé entre nous, depuis la prépa. Parce que les gens ne sont vraiment pas tous intéressants : il y en a qui regardent Scène de ménage à la télé (les mecs ils ont une télé quoi) et qu’on s’en rend compte maintenant, qu’on sort dans le monde justement. Enfin moi je débarque et c'est peut-être l'effet Villecresnes, ou le sevrage de Paris I. J'ai envie de revenir vite à ce qu’on s’est créé et qui m'est parfaitement adéquat.

lundi 26 novembre 2012

Ca y est; c'est revenu. Ce soir je veux entrer dans les assurances.

samedi 24 novembre 2012

Je kiffe ma vie, c'est pas ça.

C'est un défi, tous les jours, d'essayer de les attraper, comme d'un grand geste du bras, de les amener vers moi, vers les productions culturelles et la pensée. J'adore qu'ils posent des questions qui montrent qu'ils sont là, ils ont pensé au texte chez eux, ils ont pensé aux personnages, ils se disent que c'est vraiment un canard ce Coelio. J'adore les voir arriver dans ma classe, heureux ou fatigués, j'adore les voir penser, rater, se décourager, j'adore devoir aller les chercher là où ils sont. C'est un défi, tous les jours, de leur faire préférer participer à ce qui se dit en classe plutôt que de jeter des boulettes de papier. Je leur passe mes livres, ils en demandent encore. J'ai fait une bibliothèque avec mes propres livres, dans la classe, en open bar. Je suis tout excitée chaque jour, d'aller travailler. J'adore mais c'est pas le tout d'adorer. Déjà c'est très fatiguant. Ensuite j'ai le temps de rien faire. Il faut réfléchir un peu. J'ai peur de me rouiller.

« Ma vie c’est pas Melrose Place, arrête ton cirque, j’galère aussi »

(Et là les Sexion d’assaut ont l’impression d’avoir fait une rime, quand même)
 
Je ne vous l’ai jamais dit, mais je suis non seulement révolutionnaire, mais aussi pro-palestiniennne, et je tiens en haute estime les spectacles de Dieudonné (surtout « Mahmoud »). Je ne vais jamais trouver à me marier hein. Putain, moi qui voulais des perles dans mes cheveux cartonnés par du Fructis style, les nappes en papier (dans ma famille on n’a pas les moyens pour le luxe ; c’est pas grave ; mais pourquoi les nappes en papier ?), la robe magnifiquement pailletée (ils font les mêmes à Disney; elles sont à 79 euros - mais en taille 8 ans), tout le tralala.
J'ai dit dans ma famille que je ne voudrai jamais me marier, ça a déclenché de nombreux débats: manque de respect, elle connaît pas la vie, comment elle se prend la tête, nous avec ma femme on se prend pas la tête. Normal quoi (j'ai presque plus d'espoir en l'humanité depuis que ma grand-mère est morte -elle aurait pleuré si elle avait su que j'étais professeur, elle aurait été fière; quand j'étais petite mon grand-père photocopiait mes bulletins pour les montrer aux amis qui venaient chez eux).
 
Un mec de Dreux est devenu libraire, et sérieusement toxico. Comme quoi il y a tout de même des survivants. Il a une grande barbe et ressemble à Jésus. Par rapport à ses pulls Segio Tachini, ses Nike air et sa coupe en brosse de cinquième B, ça change un peu. Il lit Whitehead pour le plaisir (le mec est fou). C’est mon idole. Il est libre, il fait ce qu’il veut, il sait penser. J’en veux un comme ça. S’il vous plaît. Merci.

jeudi 22 novembre 2012

Ma conception d'une bonne soirée, en ce moment:

 mettre mon pyjama, qu'on me fasse des calins et qu'on fume du shit. Quand j'étais petite, je dormais allongée sur ma mère quand j'étais malade. J'entendais tout ce qui se passait dans son corps et je sentais son parfum. Depuis, passé un certain seuil de fatigue, ou taux d'alcool dans mon sang, je ne peux y couper. Ma mère a créé un monstre.
J'avais besoin de ça quand Boris m'a quittée; de dormir sur le torse de quelqu'un (de pas complètement con, de préférence). Ca marche vachement bien, d'entendre la respiration de l'autre.  

lundi 19 novembre 2012

Cette nuit,

j'ai lu le blog "ta gueule Franck" et j'ai eu l'impression de communiquer avec le fond d'un autre humain exactement semblable à moi, mais en mieux; en bien plus désespéré et plus sublime. J'ai un peu mal dans la poitrine. Je suis triste, je suis ouverte et poreuse. C'est l'exact état qui me permet de recevoir ce qu'il y a de bien dans l'humanité. J'ai plus trop l'occasion de le ressentir ces temps-ci. 

Je vais à des soirées et j'ai plus du tout d'énergie pour écrire,

 parce que je l'utilise pour tenter d'enseigner. Quand je dis tenter c'est que je n'y arrive pas toujours bien. Le fail vient toujours de moi, je ne fais pas partie de ceux qui diront qu'ils ont des classes horribles. En même temps j'ai pas des classes horribles. Mais eux ce sont des ados, et moi j'ai qu'à leur faire un cours plus marrant, flex, divertissant, one man show, poignant, ils auront envie de chialer quand Coelio meurt à la fin.
En ce moment j'ai envie de leur raconter des histoires. Il y a eu une coupure de courant la semaine dernière. Il faisait un noir complet dans ma salle, pour des raisons que je n'exposerai pas sur la place publique (j'avais juste pas ouvert les stores avant la coupure, parce que je commençais à onze heures et que la coupure avait eu lieu à dix heures et demi et que j'étais encore dans le bus, sur la nationale, à cette heure-ci). Je leur ai dit: bon, il fait noir dans la salle, on va tous s'asseoir et je vais vous raconter des histoires qui font peur. Ils ont tous fait "Ouiii", un grand oui. Je leur ai pas raconté d'histoires dans le noir hein. Quand mon instinct me dit vas-y c'est trop trop cool, je sais bien que ça dépasse un petit peu les bornes des limites. C'est comme mon sens de l'orientation. Il faut toujours aller du côté opposé à celui que je sens bien. J'ai pris une salle avec des fenêtres et on a travaillé sur le roi Salomon. Mais je leur dois des histoires.

Tout ça pour dire que je me lève dans quatre heures, que je ne dors jamais le dimanche soir parce que je suis terrorisée à l'idée de revenir et d'être mauvaise. Ca prend toute l'énergie de ma vie, d'enseigner, et de rattraper le sommeil perdu sous le coup de la terreur d'enseigner. Mes semaines représentent un gros effort physique, je me concentre et je serre les dents pour aller au bout. Des fois je m'évanouis, mais je vous en parlerai une autre fois.

mardi 6 novembre 2012

Ici le prix de la poésie 2012.

J'ai encore des choses à dire. Je croyais pas que j'aurais encore un petit peu mal, vraiment ça s'étend à toute la vie ou quoi, il n'y a pas assez avec les autres emmerdes (mon propriétaire ne veut pas refaire la porte de la salle de bain qui ne ferme pas): quand est-ce qu'on est tranquilles. Mon coeur à nu saigne sur les pages de l'amour perdu à tout jamais. Laissez-moi tranquille.
J'ai relu les premiers mails de vingt mille signes que Boris m'avait envoyé en 2006, il disait bonjour, je t'aime laisse-moi te retirer la poussière que tu auras sur la joue et l'embrasser, on s'engueulera pour qui sortira le chien, je suis un artiste. J'aime l'amère douceur de ton humour et je suis jaloux quand tu parles d'autres garçons sur ton blog. Oulalarhadime, si tu m'envoies bouler tu manqueras l'amour de ta vie.
Et puis j'ai reçu un message, et j'ai tout oublié en trente secondes. J'ai saigné pendant dix minutes sur les pages du livre de l'amour et puis c'est passé.

Je dois vous dire que quelques fois je regarde les sources du trafic sur mon blog.

En dehors du fait que beaucoup de lecteurs ont des Mac et des Blackberry (dans ma grande mansuétude, je ne vous en tiendrai pas rigueur ; il y a quelques années on s'est jurées avec Rassine qu'on n'aurait jamais internet sur nos téléphones portables et va tenir ce genre de promesses), j'ai noté quelques mots clefs que les gens entrent sur google avant de se retrouver ici.
Il y a ceux qui veulent arriver là, qui entrent: "le blog révolutionnaire" blablabla. Vous êtes mignons. Et il y a ceux qui ne voulaient pas arriver ici du tout, et qui entrent: "Pute slovaque à Paris". Alors moi je veux bien. Les mecs, ils y vont cash. Mais moi, j'ai juste fait une blague sur le maquillage avant-gardiste des putes slovaques, une fois. Merci google. Ici c'est pas la foire aux violeurs en série (je travaille déjà à Villecresnes, ça suffit).

vendredi 2 novembre 2012

Allez, balancez les mecs malins.

Gwen me connait trop bien. Quand je lui parle d'un, elle me demande, mi-moqueuse, mi-sur le ton de la confidence: "Mais est-ce qu'il est assez malin?". C'est alors que je réponds: "Non, mais ça passe le temps". 
Je suis opé pour qu'on marche avec moi. Ne me décevez pas.