samedi 9 mai 2015

J'ai changé d'avis sur Houellebecq.

Vous savez ce que je pense? Il veut que quelqu'un absorbe sa mélancolie et l'aime infiniment, il veut recevoir tout l'amour du monde et qu'on le rende viable, ne rien donner en retour. Jusque là rien n'a changé, je pense toujours la même chose.
Le problème (demandez moi, si quelque chose vous tracasse), c'est qu'il croit que le fond de l'homme correspond à la douleur. Qu'une fois qu'on a tout compris (ce qu'on attend ne sera jamais aussi bien que ce qu'on imagine; l'amour s'arrête à un moment donné, et on ne s'en remet jamais, amputé à vie d'une partie de notre être; la vie est absurde, vaine et une longue souffrance), on est bon pour boire du vin pour faire passer le Lexomil, se retirer des relations humaines et attendre que ça passe en perdant ses cheveux, ses muscles et son cartilage (hé, Michou, t'as le SIDA ou quoi?).

Depuis quelques temps, je ne ressens plus que cet abattement est définitif, je sens qu'il se goure. Premièrement le fond de l'homme est la souffrance, oui, une fois qu'il est débarrassé de la survie et d'une vie si cadrée qu'il n'a pas d'espace pour penser. Quand on commence à penser aux questions existentielles, ca nous attrape les boyaux et ca les serre très fort. Cependant, il y a quelque chose à construire par dessus, quand même. C'est ça, la vie.
Houellebecq n'est pas viable, comme être humain, non pas parce qu'il ressent la souffrance. On ressent tous cette souffrance (même s'il croit avoir l'hégémonie). Mais parce qu'il n'a pas l'énergie de construire dessus. Ca manque de pêche, d'espoir et de confiance. Vous savez quoi? Le mec manque de méthodes pédagogiques. Il est né pessimiste et sans savoir qu'il y a matière à évolutions si on sait travailler. Aimer les gens, c'est évoluer avec eux. C'est pas pomper leur sève Michou. Espèce de boloss (il m'a énervée là, laissez).

Il n'a rien à donner et c'est un petit oiseau chétif et grelottant. Je ne suis plus d'accord pour calibrer l'humanité sur ce paradigme.