mercredi 23 mars 2016

J'ai lu un article

 de Daria Marx dans lequel elle rentre chez elle au petit matin, en se baladant pour faire durer le trajet retour, parce qu'elle veut rester dans l'impression de son amant qu'elle vient de quitter. Elle repense aux gestes, à ses doigts, à sa respiration, elle s'entoure des bribes, elle les revoit, et tant qu'elle se balade, elle reste dans cet espace qui a précédé; ça l'entoure avec douceur. 

Ca m'a fait penser à ces fois où quand on arrête de faire l'amour, j'ai la sensation d'être exactement où je dois être. Quand on a été en connexion, quand on a oublié où on est, qui on est, l'heure qu'il est, ce qu'on doit accomplir ensuite, ce qui est pénible, ce qui est difficile; qu'on est entré dans un temps totalement pur et organique, et que ça pourrait durer toujours. Le temps s'étire, et quand on reprend conscience, plusieurs heures ont passé. On se rappelle bien avoir commencé, et puis on est tombé dans quelque chose d'autre. Dans cet espace où l'on est exactement au centre, exactement là où on doit être. 

Signé: la meuf qui n'a pas fait l'amour depuis mille ans (mais qui n'a pas Alzheimer, donc qui peut encore s'en rappeler et être dégoutée).