mardi 23 août 2016

J'ai envie de jouer ça à la guitare électrique en gueulant dans la maison, mais maintenant on est huit dans la coloc. C'est ballot, au début j'avais signé pour trois. C'est pas que vous m'emmerdez, mais dégagez.

Un jour S. m'a dit: "Avec Amaury, on a discuté et on en a conclut qu'on était de bonnes personnes. On s'est dit que si on était sur une ile déserte avec une fille, on ne la violerait pas. Bon, on essayerait de la draguer pour tenter le coup, mais c'est tout. On est gentils hein?".
 Mais toi, et ton pote le petit gros, on vous sème! On vous met à l'amende! On prend votre tête et on l'enterre dans le sable!
 Allez, ciao les débiles.

lundi 8 août 2016

Aujourd'hui ma nouvelle docteur m'a demandé si j'étais en couple, et j'ai éclaté de rire. Ecoute Mireille, je ne sais pas quoi te répondre. Ca ne rentre pas dans tes cases, ça rentre à peine dans les miennes.

J'ai plusieurs choses à dire. Comme d'hab.

 Je réponds souvent, quand je discute avec quelqu'un et que je l'ai écouté attentivement: "alors, j'ai deux choses à dire", c'est S. qui me l'a fait remarquer. Parfois mes élèves lèvent la main et disent: "Alors, j'ai deux choses à dire", avec les mêmes intonations que moi, et là je flotte dans l'air et j'aime mon métier. 
 Premièrement, les gars semblent trouver extrêmement fou qu'on puisse discuter ensemble de sujets politiques, que je lise des livres ("Tu les lis réellement? Je peux te prendre en photo"?), des trucs comme ça. De même, ils trouvent sexy et admirable que je joue du piano ("Et là, je peux te prendre en photo?"). On va faire une série d'albums, qu'on n'en parle plus: "Marine en vacances", "Marine lit un livre", "Marine joue du piano", "Les découvertes de Marine", "Marine et le sceptre d'Autocar"... Vous voulez quel tome? Donc je me pose la question: Mais qui avez vous eu en face de vous par le passé? Nabilla? Si oui, vous avez bien caché les pics à viande du barbecue? 
 Deuxièmement, est-ce qu'il faut tous vous expliquer ce qu'est faire l'amour? C'est-à-dire qu'on ne fait pas l'amour dans une personne qui est l'objet de notre désir, mais avec une personne et on est tous les deux sujets du désir. Ca devient trop philosophique? Ne vous branlez pas dans quelqu'un, c'est pourri. Quand j'explique, on me dit que c'est "ma conception". Mais la tienne est merdique khmal! La tienne est touuute pourrie et elle vient d'Aubervilliers. Là où c'est la honte d'avoir une meuf. Bande de grosses, grosses moules d'Aubervilliers.

L’histoire du mec bourré et de la poupée de chiffon

Cet hiver quand j’étais sur le lit d’hôpital à avoir des contractions, ma mère me disait de me faire toute molle, comme une poupée de chiffon. De ne pas résister, d’accompagner les contractions. 
Il y a une histoire dans le Tao Te King, qui dit qu’un homme ivre qui tombe d’une charrette en marche ne se fait pas mal. Il n’oppose pas de résistance, son corps est complètement relâché. La sagesse s’apparente alors à ce que produit l’ivresse. 
Moi j’ai galéré pour comprendre. J’ai GA-LÉ-RÉ. Je comprenais l’histoire bien sûr. Mais quant à le vivre moi, c’était pas gagné. Et puis j’ai découvert que ce n’était pas dangereux d’aller face à ce qui fait peur. Quand c’est là de toute façon. Se dire, okay, je me détends et je regarde. Je suis complètement relâchée, je n’oppose pas de résistance en essayant d’éviter, d’oublier, en bloquant cette pensée. Je la laisse venir. Tout va continuer, je ne vais pas mourir. 
J’ai appris dans le monastère (y’avait du level en sciences ; une meuf du CNRS qui était là a trouvé un nouvel anti-inflammatoire qui ne cause pas de dégât sur le corps, mais aucun labo ne veut l’acheter ; miskina l’humanité) que les zones de fragilité, quand elles sont activées et quand on en a peur, sont assimilées à un danger mortel, d’où le stress intense comme réflexe de survie (production  d'adrénaline, de cortisol, accélération du rythme cardiaque, stop des sécrétions et préparation à la fuite). 
Toutes ces pensées effrayantes qui me font partir en live, je n’ai pas à en avoir peur. Il me suffit de les regarder avec une gentille attention. Une tranquille et douce attention. J’avais écrit un long article pour dire comment toutes ces phrases s’étaient incrustées salement dans mon cerveau. Mais après tout peu importe. On les regarde et elles passent. Peu importe d’où elles viennent. 
Tout à l’heure, j’étais sur le facebook de JB. Son ex amour de sa vie de la passion de c’est merveilleux de il l’aime encore et moi non, a posté quelque chose sur son mur, elle avait l'air de le connaître comme sa poche. Mon cerveau a fait : « aïe aïe aïe, c’est chaud, ça brûle, c’est trop difficile, je ne voulais pas voir ça, je veux fermer la page, je veux oublier, je ne veux pas me rappeler qu’il a aimé quelqu’un d’autre, je ne vais pas y survivre. Personne ne m’aimera jamais à en mourir, il ne m’aimera jamais à en mourir. Pompiers, samu, millepertuis, je panique je souffre, appelez Benjamin Biolay, qu’il me chante une chanson ». J’ai un haut degré d’expertise en production de pensées désagréables. J’ai intégré le CNRS de production de pensées désagréables, moi. 
Et là, mon travail acharné depuis des mois pour me construire une stabilité émotionnelle et un esprit heureux et satisfait (psychologie positive, taoïsme, méditation, naturopathie, acuponcture, draps frais monoprix) a enfin payé. Mon cerveau a produit une lueur nouvelle. Ca a fait : « Popopop, ca ne me fait pas peur, d'où j'sors d'une ronde Belsunce Breakdown, je vais aller regarder tout ça ». J’ai tout posé et je suis allée voir. Je fais ça à chaque fois que j’ai besoin. Pour une rupture quand j’ai l’impression que je ne pourrai pas vivre sans lui, pour une déception, quand mes colocs coupent le jasmin étoilé parce qu’ils sont un peu cons, tout ça, quand je suis en colère, abattue, je l’ai fait la semaine dernière parce que je saignais du col de l’utérus depuis plusieurs jours sans raison, je me disais à haute voix tout ce qui me terrifiait : « je vais perdre tout mon sang », « je vais partir en vacances et je serai mal soignée... et je vais perdre tout mon sang ». Je ferai ça à chaque fois qu’un ex aura une nouvelle meuf, quand je saurai que S. a une nouvelle meuf à humilier –la petite chanceuse - ; mais on lui dit merci, parce que c’est à cause de lui que j’ai commencé à méditer vraiment. 
Bref, moine tibétain l’année prochaine les gars. J’en ai rien à foutre de rien. Signé : Verlaine. L’objectif : je suis là, je ne me fais pas de mal, je gère, je suis bien. Prochain objectif, après les troubles alimentaires, l’angoisse de devenir folle, l’angoisse de ne jamais recevoir assez d’amour, la conquête de la stabilité émotionnelle, du sentiment de plénitude et de satisfaction : je veux une relation amoureuse stable et épanouissante d’ici quelques temps. Et si j'ai pas ça, j'aurai d'autres relations, et ça n'est pas grave, parce que je suis complète et c'est good. Faites de moi ce que vous voulez, je ne résiste plus.