jeudi 31 mai 2018

Le gars se prend pour Chris Rock

Pour rien au monde, il ne manquerait une vanne. Oualalaradime. Mais on n'est pas dans un stand up, this is real life.

- Tu viens de me dire "Shut the fuck up"? 
- Marine, j'ai pas dit "shut the fuck up", j'ai dit "would you please shut the fuck up". 

Rires enregistrés. Meilleure vanne de la soirée. L'épanorthose de la Terre. Champion de monde. Chute, contre-chute.Le gars le plus relou de l'univers. 

Quand je raconte mes rendez-vous tinder à ma mère, elle soupire d'un air fatigué:

- Qu'est-ce qu'on avait dit? 

On n'avait pas dit qu'on arrêtait tinder. On avait dit que j'arrêtais de chercher un mec, pour voir si ça arrivait plus facilement. On avait dit que je laissais venir. Je laisse venir les rendez-vous tinder. 

samedi 19 mai 2018

Hé, Philippe Jaenada, tu nous soûles avec tes « Anne-Catherine et moi ».

Anne-Catherine et moi on lit des livres dans notre appartement décoré sobrement mais dans une bulle de confort, d’amour et d’évidence, Anne-Catherine et moi on va dans les Pouilles en vacances avec notre fils et le trajet en voiture est une aventure à la fois habituelle et merveilleuse, Anne-Catherine et moi ceci cela, Anne Catherine et moi gnagnagna, à tout bout de page. 
 Mais moi j’ai toujours voulu ça. J’ai toujours voulu « Anne-Catherine et moi », depuis… depuis que j’ai 17 ans. Et quand est-ce que ça va arriver, « Anne Catherine et moi »? Si possible, que ce ne soit pas, Anne-Catherine, si possible que ce soit un gros chauve trapu avec une barbe et que j’aime et qui m’aime (et dont la courbe des yeux fait le tour de mon cœur).
 Philippe Jaenada, je l’ai rencontré par mail quand j’étais adolescente, et que j’avais écrit dans Voici. Il me parlait déjà de sa femme et son fils. C’est bon, on la voit l’existence délectable que tu ne peux t’empêcher de citer encore et encore. Hé, Philippe Jaenada, on se ressemble. On a un peu le même humour, et on veut tous les deux aller dans les Pouilles tous les étés avec Anne-Catherine et Ernest. Je pense qu’on devrait être copains.

Apparemment, c'est pas sympa de disparaître sur Tinder

Ca porte même un nom : « ghoster ». Je te ghoste quand je ne réponds pas à tes messages. Apparemment il faut expliquer pourquoi on arrête de parler. Mais moi, si je vous explique, vous n’allez pas vous en remettre les gars. Ca va faire dissonance cognitive. Ca va vous en foutre une petite. 
 Je ne réponds pas, parce que ta vie a l’air nulle, parce que tu n’as pas l’air d’avoir une once d’intelligence ou de sens de l’humour et que je ne viens pas ici pour rencontrer les mêmes teubés que quand j’étais à Dreux, parce que « tu ne te prends pas la tête », parce que tu m’as écrit « cc », ou « sa va », parce que tu me demandes d’où je viens, ce que je fais dans la vie, si j’ai une voiture, et ce que je cherche sur l’appli (mes lunettes, je les ai perdues mercredi, depuis, pas moyen de mettre la main dessus). Parce que la discussion est plate, tellement plate, quels que soient les bonds que j’essaye de faire, tu m'emmerdes, parce que tu comprends pas quand je vanne et que tu crois que c’est le moment des infos (prends bien des notes, les titres arrivent).

Le zouk, la trap, suite et fin

Enfin je ne vais pas trop m’avancer, disons plutôt : suite et suite. « Je veux que tu me mentes », Lynsha. « C’est dans ma nature », Singuila. « Bébé je sais que tu es un grand séducteur, laisse-moi juste être ton amante », « Bébé, pardonne moi si je te trompe », « Bébé, c’est normal si j’ai une autre meuf », « Bébé, je suis tombée dans tes griffes, comment m’en défaire ? ». « Bébé, j’ai toujours envie de niquer ailleurs, que veux-tu que j’y fasse ? ». 
 La trap c’est traître. La trap c’est bien. On a envie de danser, ça nous prend en dedans. Mais y’en a pas un qui se dévouerait pour écrire des paroles intelligentes/décrivant des rapports sains et aimants au lieu de la lie de l’humanité ? Sinon au pire, j’ai réfléchi, y’a qu’à chanter sur lalala.
Je réfléchissais à ça tout à l’heure. Quand j’ai été violée, c’était pas la première fois que j’ai été contrainte. Et ca n’aura pas été la dernière. Il y a des partenaires qui se révèlent être des personnes répugnantes, qui utilisent l’autre comme un chiffon (enfin, maintenant, je fais un vide phénoménal : « Bonjour, à l’expression qu’affiche ton visage en cet instant, je ne te trouve pas très poli, ca sera tout pour moi, je m‘en vais »). Ce qui a changé, c’est qu’à partir de cette fois là, j’ai décidé qu’on ne faisait pas ça à une personne et que j’allais demander à ce que ce soit reconnu, j’ai décidé que ce serait la dernière, et les fois précédentes se sont illuminées d’un nouvel éclat ; « Ah, mais on m’a contrainte, c’était ça alors que j’aimais pas ! ». La semaine dernière j’ai fait voler le gros Chaouki -même pas capable de faire un plan respectueux, ce gros Chaouki-, un vrai petit vol plané (et il est gros ; mais j’ai de la force) et je l’ai mis dehors simplement. Je me suis sentie très fière, pas victime, pas salie. Mon cerveau a réagi au quart de tour : contrainte (ou plutôt : « Non, jure que tu me contrains ? Tu fais ça, fils de pute ? Mais pas une seconde »), je te repousse, tu dégages, le gars est répugnant, moi je suis tout à fait mignonne et j’ai le sens du respect d’autrui et des lois. C’est simple, je te reverrai jamais, et si tu croises ma route, je t’en mettrai une. 
 Ce qui a changé, c’est qu’après avoir tout traversé, m’être rendue compte que c’est un crime, avoir eu envie de vomir, constater que la justice c’est du folklore de beauf surréaliste, du côté du criminel pour les procédures, j’ai compris que c’est moi qui me défends, que les autres sont potentiellement des oufs, et que c’est moi qui mets les limites, que personne d’autre ne me protège. Si jamais il se passe quelque chose, la seule info que j’en retire, c’est « ce gars est un ouf », ça ne m’implique pas, pour la honte, la peur ou autre. Moi je frappe et je me tire. Point. La vie c’est pas toujours « Anne-Catherine et moi on va dans les Pouilles », mais je m’en sors bien. J’ai senti ma puissance, tout est différent.