mercredi 29 août 2018

Oyez oyez ! J’ai découvert un des secrets les plus subtils de l’humanité.

 Un des secrets les plus impénétrables de l’Histoire depuis les pyramides (parce que pour celui-là, voilà, vous le savez déjà : on peut produire de l’électricité dans ces petites choses ; allez voir sur youtube. Signé : Mon nom de code de survivaliste ne vous sera jamais révélé – c’est « Tempête du désert »).

 Revenons à nos moutons. J’ai trouvé pourquoi les chanteurs font des têtes. Des grimaces. Ca se contorsionne le nez, la bouche. Et bien après deux années de chant assidu derrière mon clavinova, je peux vous révéler que premièrement, suivant les sons qu’on prononce, une même note passe bien ou pas bien du tout, les i, les o, les a, rien à voir. Et comme en général, il y a tout un tas de paroles, il y a tout un tas de position de la gorge à prendre pour chanter une même note suivant chaque syllabe qu’on essaye de faire sortir. 2. Et bah c’est difficile, mes aïeux, c’est difficile. 3. On fait des têtes. On se contorsionne le pharynx, le larynx, tout le tralala jusqu'à froncer le nez, et ça passe. Voilà c’est tout. 

C’est pour ça que je ne peux pas chanter en public. Parfois j’imagine la tête que je fais, un mixte entre un bouledogue français et Lara Fabian. Et personne ne veut voir ça. Je vous respecte, vous me respectez, on ne va pas briser une si longue amitié.

mercredi 22 août 2018

J’ai une question.

Je ne vais pas m’énerver (je suis énervée). Je vais essayer de ne pas m’énerver. 
Pourquoi les mecs de mes copines me font toujours des blagues sur la franc-maçonnerie et le complot juif ?J'ai l'image d'une meuf qui met un casque en aluminium au fond de son jardin rempli d'objets de récup, pour échapper à la CIA, c'est ça? Vous croyez que je suis un rebeu qui regarde des docus youtube sur les reptiliens? Je sors avec eux, ça n’a rien à voir. Calmez-vous. 
 Oui, j’ai ma part d’ombre, mais elle a ses limites. J’aime les spectacles de Dieudonné. D’accord, je l’ai dit en public. Je le confesse. D’accord, j’avais un petit faible pour les cours sur les cinglés en philosophie : Malthus, Spencer, la phrénologie, la physiognomonie, Adam Smith. Je les examine, ça m’intrigue, j’en fais des mémoires. J’ai même regardé un documentaire de Faurisson, et un autre qui expliquait que dans les pyramides, il y avait des installations hydro-électriques. Je sortais avec un sataniste soralien aussi. Ça vous emporte comme une déferlante. Mais soyons réalistes. Vous savez bien que je ne regarde pas les documentaires sur les Illuminatis (parce que ce sont eux, qui nous regardent. Meilleure blague de ma journée. Je peux retourner écouter des podcasts).
C’était sous les combles de ta grande maison de campagne au début des années 2000. Une sorte d’odeur légèrement passée, de vieux bois, de vieux draps, de serviette attachée en attendant que le maillot de bain ne sèche, de chaleur tiède. C'était comme si tout avait été posé là par pure utilité, et composait une immense maison dépareillée légèrement poussiéreuse. 

On était assises toutes les deux devant un gros ordinateur, samedi après-midi. On écoutait un album d’Eminem à la couverture bleu translucide, sombre. On avait imprimé des photos, dont une de Katie Holmes, que j’avais collée dans mon agenda. Tout était exactement parfait. Mon envie était dévorante de tout écouter, voir, imprimer, aimer. J’y avais accès par petites touches. Ce n’était jamais assez, il y avait cette tension qui me poussait vers le monde comme un ressort qu’on contracte (Depuis que je relis l'Autofictif, j'imagine Eric Chevillard qui tacle tout ce qui bouge. Immeuse tacleur, Chevillard. Et là, il y a matière à tacler "le ressort qu'on contracte".)

lundi 20 août 2018

Ca fait quasiment un mois

que j’ai le dos plus ou moins bloqué selon les jours, sur l’échelle de la chiale en rampant sur le lit après avoir mis dix minutes à aller faire pipi. Je vous le dis, mon énergie perdue depuis le Boris, elle est là. Le réservoir s’est rempli au fur et à mesure des journées passées immobile. Elle déborde. Elle est là, elle pousse, elle veut faire de la danse, du yoga chaud, elle veut courir dans le bois, sauter sur l’elliptique, sortir, sortir, sortir, vous voir, chanter dans la rue, parler aux inconnus, visiter des pays en sac à dos, faire le ménage en faisant des moulinets de cuisses sur de la trap (chacun se fait son image mentale, je vous laisse libres). 

 Hé, vas-y, si tu restes même pendant les semaines d'anxiété, si tu restes même quand je travaille (c'est-à-dire que, combinées, ces périodes représentent 90% du temps), au lieu de me laisser au bout du roul’ torchon, chiffon, carpette dès le lundi soir, je te paye un grec.
Alors évidemment, c’est Dallas ma vie sociale. Je n'en peux plus des interactions avec les humains. (Il faut prononcer le "peux plus", d'une voix aiguë de vieille connasse de prof de français excédée). Ca suffit, chacun est gentil avec les autres, et on joue tous ensemble tranquillement. Voilà.

Ma voisine est malentendante,

c’est pour ça qu’elle ne m’a jamais rien dit, alors que ça fait presque un an que je joue du piano en chantant comme un chat écorché qui, selon un parfait concours de circonstances, serait fan de France Gall et Anne Sylvestre. Tout s’explique.