Olivier Assayas, c'est le snobisme ostentatoire des intellos bourgeois. C'est fou rire, les tunnels joués par Vincent Macaigne sur internet, les liseuses, le cinéma perd sa liberté avec le covid. La platitude d'un article de wikipédia. Quel aplomb d'en faire des films. Je veux votre vie tranquille de babyboomer bourgeois dominant propriétaire, qui fait du tennis dans une maison de campagne le week-end, et qui trouve intéressant tout ce à quoi il pense pendant qu'il prend son café (je rigole pas, je veux vos maisons, votre quotidien sans difficulté, on mange des tartines, on lit, on est autosatisfait, on sent l'odeur des fleurs sur une table devant la véranda d'une meulière du 91, on coupe des légumes pour le dîner. Y'a pas 50% du temps à essayer de survivre à une vie d'abus et de domination; trouver comment la soigner; sortir la tête de l'eau, si on n'a pas peur de trop s'avancer; voire même construire une vie vivable (qui sait), 40% à entretenir la vie des autres à de multiples égards, 10% à se demander si on est vraiment légitimes dans ce qu'on fait + le surmenage lié aux deux autres points. Votre système nerveux est régulé: c'est mon objectif dans la vie).
Petit call out, Assayas part en rétrospective autobiographique, et boum: une seule photo de son ex, les seins à l'air. "Je n'ai jamais pu oublier Catherine, mon premier amour". Peut-être que c'est une personne et non une belle gonzesse à la beauté fascinante, ah sacré Catherine, le sexe était si envoûtant quand on était jeunes. On te montre pas à poil quand on se rappelle de toi, Olivier. On doit sûrement énumérer tout ce que tu as produit, louer ton talent: j'ai comme l'idée que tu peux faire de même avec tes partenaires. J'ai dans l'idée que Catherine a aussi le droit d'exister comme un être humain, et non pas comme un petit objet fascinant désirable.
Deuxième call out, il n'y a que les hommes qui déballent leurs opinions pendant des heures dans les maisons bourgeoises, et vas-y que Guillaume Canet (personne n'y croit), et vas-y que Vincent Macaigne (on y croit)! Nora Hamzawi est toujours la compagne sympa avec laquelle on décompresse, le soutien sympatoche. Elle dit: arrêtez de vous engueulez; allez, on va faire une balade. Les femmes interrompent les monologues des hommes, pour demander, excuse moi mais on prend du chou rave ou pas? C'est encore non Olivier. Non non non (ca me décolle les organes de l'intérieur, et j'ai vu que les deux derniers films) (ah non j'ai vu aussi le Binoche/Kirsten Stewart, mais dans mon souvenir, y'a pas beaucoup de parole. Ah, les femmes, sont-ce des êtres mystérieux qui s'agitent devant nos yeux, ou de gentils labradors qui font les courses? Je ne sais que choisir).
A part ça, je suis envoûtée par ce cinéma (un paradoxe dans mon corps, séduite de tout mon être, et nauséeuse de tout mon être). Je peux écouter la voix off pendant des heures, et j'en ai jamais marre d'observer les bourgeois vivre (je rigole pas), je suis fa-sci-née (c'est mieux que la téléréalité). C'est tout ce dont je rêve dans la vie - à l'exception de la production des dominations- je pinaille-. Dans un monde idéal, tout le monde vit votre vie de Michel, 60 ans. Tout finit bien, et on boit des cafés en écrivant des émissions pour France Culture.