J'accumule petit à petit des chansons dans une playlist, qui s'appelle la playlist de la guérison. J'imagine qu'à un moment, je ferai une fête l'été, dans un jardin, jusqu'à la nuit. Je fêterai ma guérison. Il y aura des guirlandes lumineuses et je serai enceinte, ou fraîchement famille d'accueil. J'aurai réussi. J'inviterai les gens que j'aime désormais, et ceux qui m'ont soignée avec application - c'est si long que personne n'a vu ça, un rétablissement du trauma complexe. On expérimente les limites de l'expectative- (il y aurait mon petit ostéo avec sa moustache, qui m'offre un demi tarif, et qui n'a jamais l'air de douter ou de trouver ça anormal que je vienne toutes les semaines; il me soigne méticuleusement, semaine après semaine, crise après crise, depuis des années. J'en ai les larmes aux yeux). Je ferai un discours pour saluer chacune des aides qui m'ont été apportées, la qualité de toutes les femmes qui ont contribué à m'offrir un diagnostic, un cadre de protection, un cadre de guérison, en trouvant les bons mots et en pleurant un peu, parce que c'est exactement l'essence de l'humanité dont j'ai expérimenté le contact pour guérir. Je dirai que j'ai réussi et que maintenant je peux vivre. Je pleurerai de joie, et je pourrai vivre. Fin