lundi 24 octobre 2016

Philosophe de l'extrême - la suite

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En ce moment, je suis sur des concepts assez profonds. J’en ai deux notamment. Un, les hommes c’est comme le flow deezer, quand ça va pas, il faut passer à la chanson suivante, et à un moment on kiffe. Deux, les hommes c’est comme les fringues, on les essaye et si ça fit pas parfaitement, c’est pas la peine. Sinon on se retrouve avec des tas de vêtements qu’on ne met pas dans les placards, alors qu’on cherchait juste une pièce de qualité pour garder des années. Appelez-moi Babillages. J’ai atteint le level philosophique de Cristina Cordula.

Il y a autre chose, qui m’a occupé l’esprit toute cette rentrée. J’avais besoin de reconnaissance et de compréhension ; dans mon travail. Je m’use la santé à faire des trucs de héros, j’ai les déscolarisés, ceux qui ne savent pas écrire, les violents, les gangs de fille, les intellos fragiles. Je suis en pédagogie différenciée, et chacun bosse à son rythme. Je suis compréhensive, il n’y a plus de conflit avec personne. Ils donnent le meilleur. J’ai créé ça, personne ne m’a appris à le faire. C’est une alchimie très spéciale. C’est beau. On me salue dans les couloirs et dans la cité.
Ce qui me tuait le bide, et occupait mes nuits, c’est que j’ai donné toutes mes tripes et qu’en face, j’ai du harcèlement moral de la part de ma boss qui est une grosse tanche incompétente et agressive, de l’indifférence de la part de l’inspectrice, du mépris de la part de la meuf de mon coloc qui soutient que je n’ai pas un vrai travail (la meuf habite gratos dans la maison que je paye, ne travaille pas et crée des tee-shirts dans la cave que personne n’achète ; et moi je n’ai pas vrai de travail alors que je me lève à six heures tous les jours. La salope.). Et mes potes qui s’agacent des plans que je mets quand je suis épuisée et que je dois finalement juste dormir pour pouvoir retourner au front le lendemain.
Y’a personne pour me dire « pitchoute, je te félicite de te lever tous les jour pour accomplir tout ça, c’est beau, c’était difficile, tu as bien bossé ».
Alors j’étais en colère sa mère. Je trouvais ca injuste. Je trouvais que j’aurais eu le droit à de la compréhension et de la reconnaissance. Les mêmes que je donne à mes élèves (c’est pour ça qu’ils entrent avec le sourire dans ma classe, bitch).
Et puis ça s’est résolu tout seul ce week-end, quand Mélanie m’a dit que mes amis étaient déjà bien assez compréhensifs comme ça, et que ça suffisait. Je ne pouvais pas attendre de reconnaissance de la part de gens qui n’en ont plus en stock (c’était mal barré si je m’y prenais comme ça).
Alors c’est comme si j’avais levé la main – c’est une métaphore. Moi ! ici ! Je suis là, et je vais me chouchouter et me féliciter d’accomplir ca tous les jours. Je vais me consoler. Je peux vous englober de compréhension, si vous êtes au max. C’est moi qui câline et qui rassure. Même quand je crois que je n’ai plus d’énergie, j’ai quand même ça en moi. Et je me valide. Tampon officiel de « c’est bien ma biche ». Moi je sais, et peu importe ce qui dysfonctionne autour. C’est moi la source.