mercredi 29 août 2012

J’envoie des messages terrifiés

 (mais tant que je suis terrifiée, je suis occupée, et quand je suis occupée, je dis merci): prêt, feu partez, à vomir sang, eau, bile, tripes. Oh mon dieu on va me donner des classes de quatrièmes (les plus vicieux) et m’appeler madame. Une fois j’ai retrouvé un « mais non, ta dernière heure n’est pas arrivée» dans ma boite de réception, je me demande ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive à une telle extrémité (j’avais dû me tordre la cheville en sortant du cinéma).

mardi 28 août 2012

Jusqu’à cet été

j’avais envie d’avoir un mec pour faire celle qui s’en fout et qui a trop bien refait sa vie (le principe de la vitrine). Ce que j’ai effectivement parfaitement réussi depuis quelques années.
Magnifique jeu de dissimulation ; presque personne -à part tout le monde- ne m’a prise pour une loque. J’ai su conserver ma dignité, et je m’en félicite.
Mais maintenant que je fume la nuit dans un climat d'apaisement complet, je me dis que j’aurais bien un mec, pour moi-même (prête pour le prochain Cotorep, on sait très bien que ça va finir comme ça).

"J’ai rencontré Capdevielle au bar de l’Apocalypse,

je lui ai dit, écoute ma vieille, ça s’appelle Le cataclysme. Ca raconte l’histoire d’un ange qui est marchand de certitudes, et qui poignarde dans le ciel étrange le fantôme des solitudes".

Quand je réfléchis, j’ai montré des signes de fatigue dès le lycée. Je sentais bien que j’étais à ça. Avant d’aller en cours j’écoutais le trente-trois tours de 1983 de Renaud, sur le tourne-disque du salon. Allongée sur le vieux canapé bordeaux. Il me fallait ça sinon je me sentais pas de me lever pour aller en physique.

dimanche 12 août 2012

Je vais voir Bullhead

comme je vais à un rendez-vous. Je suis comme exaltée, j’ai le cœur qui bat dès le début de la rue Hautefeuille. Mieux. J’y vais pour vivre non seulement l’exaltation mais toutes les phases d’une relation (dont la passion déchirante de l'amour unilatéral: la scène dans la boite de nuit, où on dirait que presque oui et puis non -l'acteur boit son verre de vodka comme jamais personne n'a bu un verre de vodka-; dont la peine: quand Vanmarsenille y passe à la fin; j’y vais pour chialer au dernier plan de l’enfant, en contre-jour).   

Un soir qu’on séchait Djamila au sèche- linge

parce qu’elle était tombée dans la piscine par inadvertance lorsque Gwen l’y avait poussée (oui on fait souvent des fêtes dans des villas avec piscine ; à Saint Tropez notamment, ou à Dreux, ça dépend des fois), on était dans la salle de bain. Après trois mojitos, Djamila s’en fout de tout, elle est flex, elle est bien, on est bien (on se félicite souvent mutuellement d’être tellement sympas quand on a bu). On est proches quand même, dit Sanaa, j’aime bien qu’on soit proches. Tu veux dire parce que Djamila est à poil alors qu’on est assises sur le bord de la baignoire ? Sans oublier notre longue expérience des hammams, dont un à République où Djamila avait oublié son maillot de bain. Et les films à la Villette où nous nous allongeons mutuellement au creux de nos dessous de bras, et où je partage le sweat taille 32 d’Housnimini.
Souvent Djamila m’appelle pour me faire des blagues auxquelles elle a pensé toute la journée : si c’est la révolution, tu ne t’opposes pas à ce qu’on te dépossède de tes biens sur le moment c’est ça ? Donc ça te dérange pas si je garde ton pull de l'autre soir. Elle est bonne hein. J’y ai pensé toute la journée, mais je ne voulais pas l’envoyer en texto. Je voulais t’entendre rigoler.
Elle me balance des phrases avec tout le toutim : manque de respect, tu me juges pas okay, franchement les gens ils jugent et tout. On rigole bien (on fait avec ce qu’on a).
Là on est bien. Là je suis bien.

Je voulais clarifier un truc avec vous.

J’ai définitivement choisi de pratiquer la syllepse grammaticale. J’ai longtemps hésité, j’étais rigide : le « on » est un singulier syntaxique ; et puis j’ai décidé d’accorder l'attribut au pluriel quand le contenu sémantique l’exige. C’est là que j’ai compris que la langue dérivait lentement vers les usages de clodos et que la stabilité de la langue ne l'emporterait jamais.

mercredi 8 août 2012

Hier j’ai rêvé du mec

qui s’est suicidé et de mes potes du lycée que je ne reverrai plus jamais (dont le lepeniste technophile). On vivait tranquillement tous ensemble.
Aujourd’hui je joue le doublet gagnant, avec la réunion de toute ma famille et de Boris (qui n’est plus depuis longtemps le Boris réel mais un Boris rêvé, un Boris light que j’accommode à ma sauce). Il y avait une grande maison avec des colonnes blanches devant, comme celle des anciens patrons de ma mère. Il y avait ma grand-mère, qui avait un tout petit peu de blush sur ses joues et qui marchait, marchait, elle sortait de rééducation et je la prenais dans mes bras, parce que je savais que la dernière fois qu’elle était morte j’avais regretté de n’avoir pas assez profité d’elle. Il y avait Boris qui vivait tout en haut d’un immeuble dans un appartement en pierre et qui semblait avoir trouvé la paix. Il n’avait jamais été question qu’on se quitte. J’avais dû mal comprendre. Je lui amenais de grandes lanternes pour des bougies, qu’on déchargeait de l’utilitaire de mes parents.
C’est un souvenir que j’aimerais garder sur le moment, même si à l'intérieur même du rêve j’avais du mal à y croire. Quand je me réveille je suis comme d’habitude mi-figue mi-raisin, je voudrais bien retourner dans ce rêve, mais je suis toute tourneboulée de noter l’écart entre le rêve et l’endroit où je me trouve, toute seule.

Je sais pas si je l'ai déjà dit. Mais quand les choses ne tournent pas exactement comme j'ai envie, mes rêves prennent le relai. Il se passe exactement ce que je veux dans mes rêves.

Comme ne dira jamais la voix off de Secret Story,

qui cite à loisir et avec beaucoup de pertinence René Char (et Michel Galabru) : tout homme devrait avoir accès à la douceur, au confort et à la relative intelligence du monde bourgeois de gauche (Et Nadège, aujourd’hui, plus jalouse que jamais, n’est pas près de l’oublier).

J’étais en train de faire des listes de lectures cursives trop bounce (du verbe « bouncer », entré en littérature avec Milkyway et Tiziboobs de Tragédie ; des listes de lectures comprenant du cinéma japonais ; qui va m’en empêcher hein, personne ; je fais ce que je veux) pour mes futurs élèves (même s’ils ne sont pas Comptoir des cotonniers je leur pardonne ; je suis allée faire un tour dans les environs du collège la semaine dernière ; apparemment ils sont plus sur la mode de la Slovaquie, comme à Dreux ; je suis solidaire les gars, je vous apprendrai à être pauvres mais sapés), quand tout à coup j’entends les BB Brunes (perdus sur une playlist) : « le rock and roll est fait pour moi, tant qu’on se pique pas pour de vrai ». Mais alors où est l’intérêt Achille des BB Brunes.
Il y a un truc qui me brise le cœur. C’est que les gamins de Vincennes jouent dans les films de Maïwenn et Julie Delpy (gros casting en 6ème A l’année dernière), ils font des albums de rock-bourgeois, ils ont une DVDthèque avec la nouvelle vague dans leur salon. Et les gamins de pauvres sont là, il leur manque tout. Et moi, et je sais bien tout ce qui manque. Je sais qu’il manque tout ; il faut tout conquérir après le bac. Quand on a réussi à éviter de décharger les camions au supermarché. Les bourgeois et les enfants de professeurs ne comprennent jamais. C’est dur de tout conquérir, la culture, le confort ; c’est long ; il y a trop de trucs.
Ce me semble une priorité absolument de premier ordre (communication UMP) de combler tout ce qui manque. Je voudrais combler ça jour et nuit, sans dormir ni manger, à main nue, pousser la terre à l’intérieur, vous voyez le truc. Ca me rend complètement ouf. 
 
Je suis comme Rousseau (personne n’arrive jamais à saisir la pureté de mon humanité ; personne ne m’aime, je suis la seule de mon espèce), souvent je trouve des réponses longtemps après les questions qu’on m’a posées. « Mais t’étais où ces dernières années ? ». J’étais pas dans ta famille de bourgeois, trou du cul ; et la mienne n’a aucun rapport avec l’Emir du Qatar. Alors si je ne possède pas encore le confort et la culture bourgeoise laisse-moi le temps d’arriver, merde. On n’est pas partis en même temps, comprends-tu ça, dis là (accent québéquois -Laurence Anyways-)?

samedi 4 août 2012

Prix de la poésie 2012

C’est l’apanage des poètes maudits de parler de leurs relations soixante-dix ans après. Même si l’autre s’est pacsé et s’ennuiera bourgeoisement dans un appartement toujours mieux décoré que les autres toute sa vie (j’ai un fond d’admiration qui refuse de s’en aller, j’ai abandonné). C’est comme ça, on n’y peut rien. Nous les grands poètes, quand on est touchés en plein cœur, on saigne sur le papier, tout ça. On éructe notre souffrance sur le clavier. On verse des larmes de cristal en fumant à la fenêtre par une nuit d’été.

vendredi 3 août 2012

J’avais dit, tout sauf le 77.

 Et où est-ce qu’on me fout ? Au fin fond du 94, à la limite du 77. Ca va chier. J’aurai pas besoin des méthodes de l’actor studio pour arriver énervée le matin, après une heure de divers moyens de transport, dont certains non répertoriés par la ratp. Sur la page facebook de l’établissement, on peut lire que s’organisent des battues pour retrouver un homme disparu. C’est quoi le deal ? Je vais dans une ville de tueurs en série, ou bien juste il y a des kidnappings à l’occasion ?