dimanche 27 mai 2012

Je voulais pas trop le dire,

parce que j’avais peur qu’une petite tartine me retombe dessus, encore ; selon la mécanique de l’avancée et de la tartine, l’avancée puis la tartine puis l’avancée puis la tartine : elles fonctionnent en duo. Mais je me sens en confiance, alors j’y vais. Je pense que ça y est, j’ai tout fait, tout dit, tout exprimé, rien retenu, et ça y est : j’en ai fini. J’ai réussi les gars, définitivement, complètement définitivement, preuves à l’appui, tests confirmés.
Je suis remise de ma rupture. J’ai fait mon premier deuil. Les autres attendront, pour l’instant je les ai mis derrière mon oreille.
Si on compte que ça fait maintenant un an et demi, on peut dire que j’ai pas gagné le record de vitesse. Je vous l’accorde. Mais j’ai dépassé le tout dernier seuil. Je n’ai plus envie, dans un avenir lointain de revenir avec lui (l’avenir lointain : on se rencontre par hasard au détour de la rue de la Roquette, on a trente-cinq ans, j’ai un super trait d’eye liner, on se rend compte qu’on s’aime encore, on revient ensemble pour la vie). Je peux aller voir le site de photo de sa meuf, les voir ensemble, voir des trucs écrits sur un mur facebook. Je peux non seulement tout voir, mais après je n’ai pas besoin de courir, fumer ou regarder tous les American Pie pour oublier.
Je suis flex, mais flex ! Je suis free, je suis style, je suis freestyle.
Je suis rarement fière de moi, d’ailleurs c’est la première fois : je suis fière de moi. Autant que si j’avais gagné Secret Story (ou obtenu un contrat doctoral).

jeudi 17 mai 2012

Je relisais mon petit cahier "Agir en fonctionnaire de manière éthique et responsable". Je crois qu'au cours, j'ai un peu écrit ce que je voulais. Pour me faire rire à la relecture. Je lis donc: " Si l'élève révèle qu'il consomme des produits stupéfiants: proposer un entretien avec les personnels de santé; envisager des procédures lieés à la protection de l'enfance, quand pratique familiale (toute la famille fume du crack)". Toute la famille fume du crack. Mais d'où vient cette parenthèse.

mercredi 16 mai 2012

Au Printemps de Bourges ou à Berlin,

il y a toujours un post-it ou du papier à cigarettes pour faire un jeu de qui suis-je (autrement appelé, mais qui est collé sur mon front/ma frange de biatch) ; vers quatre heures du matin quand on revient d’un club électro, dans le salon de l’auberge de jeunesse du bord du canal. Une fois que Djamila et Emilie ont retiré leur pantalon parce qu’on est tellement mieux sans. « Je suis le mec qui nous a grave embrouillées alors qu’on allait au Wansee » ; Schlachtensee oui, mais encore faut-il être dans le bon train ; « je suis la fille du lit en face de celui de Djamila », contre laquelle nous avons joué une bataille des plus stratégiques. J’ai aimé Berlin ; d’ailleurs vous me verrez dans le bar au canapé rouge de Kreuzberg le printemps prochain. J’ai adoré qu’on fasse du toboggan et de la balançoire.
C’est ce mois-ci seulement que j’ai compris (mieux vaut tard que jamais ; j’avais une petite expérience de l’alcool) qu’avec assez de tequila, je peux danser sur n’importe quelle batucada, ou même, tenez-vous bien : de l’électro minimaliste. J’ai adoré ces vacances.
Je veux vivre une vie d’éternel divertissement, sortir me déchirer en club et mettre des mini-shorts. Heureusement que je me suis construite dans le camp des moches depuis l’adolescence, sinon je n’aurais jamais pu aller à l’université. Ca rallonge aussi ma durée de vie, parce que je peux basculer à tout moment du côté des Bruno. J’ai le passif qu’il faut.

mardi 15 mai 2012

La différence entre Bruno et Michel, dans les Particules élémentaires.

Les personnages houellebecquiens comme Michel ont épuisé ce qui pouvait les occuper. Ils ne charrient aucune envie particulière, aucune haine qui les motiverait, ils voient tout en face; ils ne bénéficient plus du voile que permet l'agitation. Tandis que Bruno a une revanche à prendre. Il veut se faire toutes les filles de la terre, depuis l’épisode de Caroline Yessayan (tout est de la faute de Caroline Yessayan). Ca allonge un peu sa durée d’activité, la souffrance ne lui tombe pas immédiatement dessus; les personnages houellebecquiens la reçoivent quant à eux sans attendre mais savent la faire durer indéfiniment (lexo-lexo-mile-mile-mil). Ce qui m’effraie beaucoup, c’est de voir tout en face, et d’avoir épuisé tout ce qui pourrait m’occuper.
Un mec à côté duquel et quelques fois avec lequel (on a regardé l’Exorciste ensemble en cinquième, et ce sont les premiers pieds nus d’hommes mal construits que j’aie vu de ma vie) j’ai vécu toute ma vie à Dreux a décidé de se suicider. Mon père disait le nom entier des gens de mon école dont je parlais, pour se moquer de moi (je n’ai toujours pas compris l’astuce), ça donnait «Julie Coussens » (mais où es-tu Julie Coussens ?), ou le nom de ce gars.
Je crois qu’il avait tout épuisé, et c’est effrayant. Parce qu’à vingt-quatre ans, il doit rester au moins, je ne sais pas, dix ans au lexomil, deux ans à l’héroïne. Je pensais qu’on pouvait aller jusqu’à trente-cinq ans à l’aise. Et encore une fois je ne comprends pas ce qui se passe, et je revois parfaitement ses cheveux brillants, sa mâchoire, toutes les discussions et leur géolocalisation (j’ai une mémoire visuelle).
Laisse tomber comment mon quartier est fréquenté par la jetset. La dernière fois, j’ai vu le mec qui zozotte, de La belle et ses Princes presque charmants, en sortant du métro. Dimanche j’ai vu Zelko, de Zarko et Zelko, sur un scooter avec son regard d’abruti fini. Mais genre bien fini. Il s'applique quoi.

mercredi 9 mai 2012

J'ai voulu revoir Berlin et on a revu Berlin

Un jour je vous raconterai mon périple à Berlin, avec (le sac à dos, englobant et représentant tout l'être de) Rassinoux, et Djamila. Mais pour l'instant je ne le sens pas. J'attends que les phrases jaillissent. C'est comme ça que je "travaille"; en attendant je regarde NRJ12. C'est tout à fait différent de mes petits cahiers de recherche (un jour je vous raconterai mon périple pour trouver un directeur de thèse viable, non obsédé par le roman libertin, ayant lu mon projet et non pas juste mon CV: "Vous avez un master à Paris I, je n'ai jamais lu Houellebecq, je vous prends, et si on parlait du roman libertin").  J'attends que cette petite voix qui me susurre des phrases se manifeste.
Oui j'ai des voix dans ma tête et alors. J'ai aussi en stéréo la voix de mes élèves passés, qui s'élève justement, et à laquelle je dois répondre souvent sur différents sujets, comme si j'étais en situation. Il paraît que c'est normal, j'en ai parlé avec des professeurs (de français -pas de psychiatrie).