samedi 24 septembre 2016

J'ai passé un samedi incroyable, et j'étais toute seule. En ce moment, je récupère mon autonomie, que je perds souvent quand j'aime à la folie quelqu'un, et qu'on se sépare ensuite (c'est embêtant, j'avais perdu mon autonomie depuis 2010). J'ai de nouveau envie de tout faire toute seule, aller au dancehall, en vacances en Italie, voir le prochain Ken Loach, aller écrire ma thèse à la BNF, cuisiner, faire des siestes. C'est comme si tout était si super qu'on en ferait une photo Instagram. Vous voyez de quoi je parle les bitches? Et j'ai même pas besoin de quelqu'un à côté de moi pour que ça ait cette saveur. Depuis le lycée, j'avais pas ressenti ça sur de si longues périodes. Et je suis back. Et ce qui arrive aussi, je le sens, c'est cette envie de bouffer le monde, c'est la sensation que si je m'y mets je ferai mieux que les autres, c'est la certitude que je vous gère tous, sur certains points.
Il y a des domaines où je sens très bien ce qu'il y a devant, et c'est tout tracé, et c'est comme si je voyais la route, je n'ai qu'à bosser. Je savais que je pouvais extrêmement bien jouer du piano au conservatoire, je sentais la musique et je sentais l'agilité latente de mes doigts, que je saurais faire de la philosophie, réfléchir, penser quelque chose de complexe et écrire des mémoires, que je ferais mieux que mes profs de Dreux quand j'aurais une classe, que je pouvais gérer les pires élèves, les situations de violence dont tous les profs ont peur, que je ferais quelque chose des plus fortes têtes, même au fin fond des cités, et ca a été long, mais ça marche, que je ferais mieux que mon père dans mes liens intimes et dans l'éducation des enfants. C'est comme une intuition de ce que je peux donner, qui ne demande qu'à être réalisée; je travaille jusqu'à faire correspondre ce que je sens très clairement à ce que je fais réellement. Dit autrement, il n'y a qu'à suivre les fluides, comme dans Donnie Darko.  
J’écris plus trop sur le blog, vous avez remarqué. J’écris sur des cahiers depuis un ou deux ans. J’y ai beaucoup écrit mes angoisses et mes traumatismes - je ne pouvais décemment pas en mettre le dixième sur ce blog, comme je ne peux décemment pas dire tout ce que je fais : depuis JB, j'ai toujours plusieurs mecs en même temps, ça y est je l'ai dit-, et maintenant j’y mets principalement les pensées optimistes qui me viennent face à l’adversité, et je me félicite de trucs (après m’être pétée la gueule pendant longtemps, ça fait un petit changement), je visualise ce que je voudrais.

Hé,

 quand j’ai dit que je voulais bien un mec cassé, et qu’on réparerait ensemble, je voulais dire que je suis bienveillante face aux faiblesses des gens et que j’envisage les relations de manière évolutive. Je ne voulais pas dire : envoyez moi tous les tarés. Get it ?

Alors, je sais bien que le dénominateur commun à tous mes mecs, c'est moi, l'assistante sociale tarée. Ce qui donne lieu à de nombreuses exclamations, comme: "Mais où tu les trouves Marine?". A la CAF? Au CMP? C'est pas là qu'on rencontre les gens d'habitude? Sérieusement, comment on fait pour résister aux gros chauves queutards, ou aux baraqués au crane rasé hystériques?

jeudi 15 septembre 2016

L'amour que je vous porte est infini.

Alors, j'ai relu cet article et il ne me plaît plus du tout. Déjà parce que je n'ai accordé aucun participe passé. Ensuite parce qu'une fois que j'eus exprimé mon amour infini, une nuance a commencé à se faire. Je ne vous ferai pas de mal, je n'ai jamais eu l'intention de vous en faire. Mais voyons, ce qui reste n'est pas de l'amour; une fois que je vous ai fuis, il peut rester de la rancœur mais je vous reconnais comme entier et valable avec tous vos trucs, et je vous porte une certaine tendresse. J'aurais pu fonctionner avec vous. Vous étiez suffisant pour moi, si vous aviez été dans le truc et capable de construire une relation impliquant d'apaiser ce qui sort et qui cause une souffrance dans l'intimité, et abîme le couple. Voilà ce qui reste.

Je ne vous en veux jamais très longtemps, quand vous draguez mes copines devant moi comme un arnaqueur de haut niveau, quand vous êtes dans un autre pays, quand vous me traitez de petite prof de banlieue, que vous me faites du mal et m’humiliez, quand je vous ai quittés, quand je ne vous ai pas vus depuis 2005 et que vous avez deux enfants. Quand vous êtes entrés dans ma zone et que je vous ai aperçus dans l’intimité de votre fonctionnement, je vous chéris. Je vous vois, je vois tout clairement, avec précision, tout ce que vous savez faire de mieux que les autres, de manière virtuose, ce que vous penseriez de ceci ou cela, ce que vous aimez, ce dont vous avez peur, ce que vous n'arrivez pas à dépasser; je vois tout très rapidement,  je ne vous ferai pas de mal. Parfois, et par parfois j'entends à chaque fois, je m’éloigne pour survivre, pour me soigner, pour recevoir de l’amour, pour essayer d'être heureuse, mais vous êtes toujours dans ma zone et je vous porte encore un peu avec moi. Je ne cesse jamais de vous aimer, et c’est comme quelque chose de compact et intense au fond de mon ventre, qui irradie d’une brume tiède (laissez ; je sens ça je sens ça, qu’est-ce que vous voulez qu’on y fasse). C’est plutôt bien, j'ai comme une source chaude à l'intérieur de moi. De toute façon ça a toujours été là.

Catch me if you can

 C’était pas fini avec le mec d’Aubervilliers. Bah non. C’est moi en face. C’est jamais fini, ca dure à l’infini avec moi, puisque je vous aime pour toute la vie, une fois que j’ai commencé à vous aimer. Même si vous êtes des gros fils de chien. Alors d’un côté c’est bien, j’ai de grosses réserves d’amour et de patience ; je pourrais construire n’importe quoi avec n’importe qui du moment que j’ai envie – enfin je commence à rajouter la condition : du moment que c’est pas un gros fils de chien. Mais d’un autre côté, c’est juste que je ne sais pas me barrer et passer à autre chose. Je suis une forceuse, t’as vu. Je force. Je force quand y’a rien pour moi, je me demande si j’ai bien fait tout ce qu’il fallait, si c’est pas ma faute, si je devrais pas faire autrement, parce que si on réfléchit bien, et je pourrais mieux expliquer que, et si je lui montre vraiment comment ca se passe quand on aime quelqu’un…. Assistante sociale tarée, bonjour, je ne suis pas partie, je suis là, tapie à attendre qu’un nouveau mec tout pété arrive. 
Le mec d’Aubervilliers draguait des meufs et leur disait qu’on n’était pas vraiment ensemble lui et moi. Ensuite, c’était pas la meilleure de toutes les idées à ta disposition, de draguer ma pote, parce que tu imagines bien qu’elle m’a tout raconté (c’est exactement, là, à cet instant, que ma vie c’est Melroce place, et pourquoi c’est Melroce place? Parce que j’ai fait entrer un arabe kéké dans ma vie. Je définirai le concept d’arabe kéké plus loin). Donc. Le gars a l’audace des plus grands. On pourrait l’appeler « catch me if you can » -ou gros bâtard de ta race- suivant l’humeur. Le gars tente des trucs énormes : on sait jamais. On sait jamais, dès fois qu’il y ait moyen ! Quand j’y pense j’éclate de rire. J’ai essayé de l’engueuler, mais il faut vraiment que je sois au bout du bout et que j’aie envie de vous prendre par les cheveux pour vous mettre dehors, pour que je gueule et que ce soit impressionnant; sinon ça ressemble à rien, et même moi je m’impressionne pas. C’est pas convainquant, parce que je ne suis pas convaincue. Alors pour lui, c’est étonnant, j’arrive pas vraiment à lui en vouloir. Ca m’étonne, c’est de l’art, c’est de l’innovation, ça me fait rire. 
Je suis vraiment un moine bouddhiste. Ou un canard.