lundi 28 novembre 2022

Les brèves du blog (un titre de 1990)

A mon avis, c'est le SPM. Parce que là, je suis en train de pleurer devant le début de la star ac (j'ai écrit ça il y a un mois, et j'ai oublié de le publier, vous ne m'en voudrez pas). 

C'est fou comme la vie, ça change. En 2010, j'étais excitée par le ton fanfaron dérisoire de La semaine mythomane de Nicolas Bedos. Et depuis, sa masculinité qui se hisse sur l'énergie, la jeunesse, la santé des femmes, et qui participe fièrement au vieux monde de boomers cruels du cinéma français, me vééénèère. 

Rien à voir: meilleur moment de l'été 2022, me demanderez-vous? L'écoute, la même semaine (le même jour? Tout cela devient un seul et même moment de liesse absolue dans mon esprit) de Je suis un monstre qui vous parle de Paul B. Preciado, et Une chambre à soi de Virginia Woolf, sur Audible et un transat, localisation: plage St Clair du Lavandou. Meilleur moment de l'année. Meilleur moment des dernières années (les plages, les parasols, et les livres, ça me réussit bien: mon dernier meilleur moment de l'année c'était en 2019 sur une plage près de Rome). Un mélange de oui oui oui, jouissance, joie, enthousiasme, exaltation, excitation, contentement, sensation de trouver ma place, délectation, soulagement de trouver ces voix. Alors que le reste de l'année, c'est la souffrance, la confusion, la peur et le manque. Sym-pa. 

Dans ces bouquins, j'ai trouvé une posture qui me pète le cerveau (il est content). Ca donne: voici l'oppression et la violence dont vous faites preuve, je la vois, je la décortique, d'une façon si claire et intelligente, défiant l'autorité de l'oppresseur, dépassant les limites de la violence qui impose le silence, et c'est limpide. Je me tiens à côté de vous, je n'ai pas peur de votre violence qui fait douter, vaciller, qui empêche le surgissement de la critique légitime; mon seul discours déconstruit tout votre système, c'est plié.  Petite révérence pour la prestation. 

mardi 18 octobre 2022

Le moment des idoles

On passe au moment des idoles 2022. Qui j'admire cette année? J'ai bien réfléchi, et c'est facile: 

Les gens qui ont un porte bébé (et un bébé), dans le bus, ou dans la rue, et qui sont dans une aura de calme, de délectation de l'instant. Le bébé a l'air tout à fait nourri dans ses besoins, il est là, il observe, il contemple, il est large (comme quand on a un peu trop mangé, qu'on est bien entourés, et qu'on étend nos jambes). J'adore regarder les bébés qui se sentent pourvus et en sécurité (C'est ce que je veux vivre, ouaiche. Pour réparer ma santé mentale, il suffit qu'une personne aimante me porte dans un porte bébé assez longtemps, pour que je me sente en sécurité. C'est pas non plus comme si c'était une demande farfelue.).  

Les vieilles dames qui habitent dans une maison de maître avec un jardin, quelque part en France. Elles ont une vie tranquille et stimulante à la fois. Imaginons que ça jardine, ça va à la chorale, ca met des lunettes aux montures rouges transparentes, avec un carré gris, ça écoute France inter, et ça s'occupe de ses petits enfants. La vie de retraitée de l'Education Nationale. 

Et Rosa Bursztein. 


mardi 27 septembre 2022

En parlant de maison de retraite

Globalement, ces derniers temps, je fais quoi? 

A part avoir une activité militante dont je ne suis pas peu fière, et travailler comme sur une thèse, chaque minute de chaque jour, à soigner mon trauma complexe? (Ah, ça, ca "élabore", ca "élabore". Il ne sera pas dit que je ne serai pas guérie avant 40 ans. Sympa, cette petite vie. Ca souffre, ça souffre, ça souffre pendant 30 ans, ca se soigne, ça se soigne, ça se soigne pendant 10 ans. Sympathique. Après il me restera ma vieillesse pour avoir des enfants et une maison -de retraite-. Parfait. Tout se déroule comme prévu. Sinon, à part la perspective d'une vie et d'une grossesse gériatrique, c'est comme si la petite fille curieuse et saine, et la partie traumatique souffrante de l'enfer de l'enfer s'accrochant à la vie, étaient en mouvement pour se rejoindre petit à petit au milieu, pour trouver ma personnalité alignée.) 

En parlant de maison de retraite, j'adore les films et les séries avec Diane Keaton et Jane Fonda, vieilles. Grace et Frankie, le Book club, Pom Pom Ladies. J'adore les films où il y a une communauté de vieilles dames, très soudée, très épanouie et très saine, et où l'hétérosexualité n'est plus une préoccupation du tout. Toute la charge hétérosexuelle a été abandonnée, et il y a une certaine libération et un alignement très agréable. 

Avant ça, j'étais sur les séries de quarantenaires dans la sauce: les braqueuses de Good Girls, Workin'moms. Mais j'ai dû arrêter Workin'moms, parce que ça présentait des maltraitances sur les enfants, qui sont totalement aveugles -c'est la vie normale, c'est bon, c'est pas facile d'être parent-. Quelle finesse ce scénario. Il y a la voyouisation d'une petite fille délaissée et violentée, et la diabolisation de l'enfant orphelin et gentil -il est si gentil et il a tellement besoin d'une maman, et du souvenir de la sienne, qu'il est diabolique. Vous m'avez PER-DUE les gars. Ca ne va pas du tout. On passe au 21° siècle. On réfléchit deux minutes à son placement en tant que pourvoyeur de soin. On n'est pas des victimes de film d'horreur japonais avec une petite fille qui marche les cheveux dans les yeux, on est parent, on réfléchit (je vous call out). 

En fait, Twin Peaks, c'est un peu comme Gilmore Girls, mais en beaucoup plus glauque (pas du tout). Petite fascination pour les séries dans les petites villes tranquilles qui fonctionnent comme une famille (sans parler de Dawson's creek). Il y a là l'idée d'un foyer, d'un monde connu et accueillant. That's what I need. 

Parfois j'ai l'impression d'être une féministe en plein milieu des années 70, pour ce qui est de la protection de l'enfance.

On a plus ou moins compris ce qu'il ne faut pas faire aux femmes, dans l'idée, on se demande si une relation n'est pas toxique nanani nanana, mais alors la relation parents-enfants, c'est un délire d'impunité et de loyauté. Un dé-lire. Il n'y a rien qui va, dans une société complètement dans son jus de la violence faite aux enfants.

Le concept du continuum des maltraitances, everywhere, l'idée qu'il faudrait interroger la violence dans chacune de nos familles, et la stopper lorsqu'elle a lieu autour de nous, ça plaît pas du tout (ça agace, ça devient hostile, ça minimise, ça ignore, ça dit c'est bon, c'est pas grave, tu exagères, tu prends ça trop à cœur, ou oui, j'ai bien vu, mais c'est pas mon problème, j'ai ma vie à mener). 

A force d'écouter les gens à côté de la plaque x 1000, j'ai fait le bingo des violences faites aux enfants (voir figure 2), un peu comme le bingo des accusés de viol qui est sorti au printemps (voir figure 1). 

Je ne vois qu'une solution. Je vais le mettre sur instagram et devenir influenceuse droits de l'enfants. 

                                                      Figure 1



Figure 2


mardi 16 août 2022

Vous savez de quoi on a besoin?

On a besoin d'une série sur une meuf qui sort de l'hétérosexualité (et par là, je fais référence au cistème, défini "à nouveaux frais", comme on disait à Paris 1, par Juliet Drouard dans Sortir de l'hétérosexualité). Une série sur une meuf qui sort de cette habitude (résignée, dans le déni ou la résistance, ou ce que vous voulez, mais c'est pas dans l'épanouissement) de vivre des relations dissymétriques, où les mecs ne sont pas à la hauteur de la qualité de ce que nous donnons émotionnellement, pas  la hauteur en terme de partage des tâches, d'orga, de violences produites, et de tout ce qui existe. La meuf s'en rend compte, se barre de la relation, et s'achemine jusqu'à la sortie de l'hétérosexualité. 

Je veux aussi dans cette série, une meuf qui bataille avec les enjeux de santé mentale, qui est lucide, déterminée à améliorer sa santé mentale (en fait je veux bien une toute autre version de la série de Blanche Gardin, sans cet horrible carcan bourgeois qui empêche d'accéder à l'intériorité, et qui rend zinzin, appelé: "j'ai rien du tout, je vais bien"/"tu n'as rien, regarde les autres, c'est pire"/"okay, bon bah j'ai des bouffées délirantes dans mon coin").

Je veux des groupes de parole de meufs qui discutent de ce qui les (pré)occupe vraiment, des collectifs d'activistes, et des colocs féministes où les femmes se regroupent pour élever leurs enfants. Franchement, les séries autour de hommes c'est bien, mais moi j'en ai rien à bip, je veux voir des meufs, je veux voir ma vie représentée. 

Cordialement, 

Marine