mardi 28 novembre 2017

Ca y est, j’y suis. Je re-sens cette chose. La complétude, la jouissance. Assise dans un train qui s’enfonce dans le Berry ; nuages énormes et compacts, ciel bleu pur, le soleil dans les yeux ; un sourire d’étonnement-ravissement ; un mec qui ressemble à Gainsbourg dans les oreilles. C’est lancinant, hypnotique. Le corps délié. Mon ostéo me répare morceau après morceau, avec infinies douceur et précaution. Etat d’extase où je me trouve toute ouverte, où je reçois tout ce dont j’ai rêvé et davantage. Plus de soleil dans les yeux, une forêt dans la vitre, un état encore plus profond de contentement. Cheveux doux un peu électriques, sur le visage.
C’est normal que les débuts soient difficiles dans mon nouvel appartement (je ne dors pas depuis un mois, minuit-cinq heures à trembler de tous mes organes d’une vieille angoisse ; j’ai découvert les spasmes d’estomac : nouveauté). Ma cousine Séverine m’a dit d’une voix de révélation longtemps contenue, comme un « je ne voulais pas te le dire pour ne pas t’affoler »:
- Je ne vais pas te cacher que je m’y attendais.
Toutes ces attentions, je les vois maintenant. Toutes les fois où vous respectez mes limites, où vous me protégez ou entrez dans ma zone avec joie ou avec douceur, je les vois. Je vous en suis reconnaissante, c’est très doux à ressentir.

dimanche 19 novembre 2017

Le 27 août, j'ai écrit: j'écoute du reggae et je sens monter en moi l'énergie du monde. Un truc taoïste quoi. J'étais bien partie. Bon, ensuite j'ai eu un petit contretemps, qui nous a amené jusqu'ici. J'ai un peu moins senti l'énergie du monde ces derniers mois, c'est vrai. Je ne peux pas le cacher. J'ai senti l'énergie de la rage, de l'injustice, et de la difficulté à toujours devoir me remettre de traumatismes. Envoyez-moi aux JO cognitifs, parce que je suis chaude là. Mais c'est reparti. J'ai appris quelles étaient mes limites dans tout ce bordel.

Une fois par mois, c’est facile à reconnaître.

J’ai envie de mourir, tout ce que je ressens est amplifié et dépressif, je me trouve vraiment laide, je fais des montées d’angoisse bien connues (dédicace la crise pendant le stage de yoga dans le sud -alors, ça détend ou ça détend pas le yoga-; dans ma salle de bain allongée au sol, essayant de respirer pour ne pas m’évanouir, les mains paralysées -après une plainte d’anthologie déposée à la police qui condamne les viols seulement quand on connaissait pas l'agresseur, et quand on est vierge à trente ans, et qu’on nous a battu dans la rue par surprise jusqu’à l’évanouissement. Sinon, c’est pas un viol. C’est quand un fou s’arrête sur le bord de la route pour niquer une inconnue qui lui arrache la peau de ses ongles peints en rouge, jusqu’au sang, en se débattant, le viol. C’est juste dans GTA III, le viol. Sinon, c’est des histoires de meufs qui franchement, savaient bien ce qui allait se passer. On ne va pas le mettre en prison pour ça, il a pas fait exprès. Toi Bourvil, inchallah on te fait du mal, et je rigole de maintenant jusqu’à la fin de ma vie. La Grande Vadrouille de ta race de gros mongolien qui dit que c’est un accident, alors que l’autre a avoué. Il a avoué. Alors dans la justice française, le criminel avoue, et l’affaire est classée. Par contre pour le trafic de shit, c’est la prison les gars. Mais violer les meufs, ça va. Allez-y. C’est permis. C’est ça qui est bien. Tu sais quoi ? Inchallah les sauterelles s’abattent sur ta maison, Bourvil. Une malédiction façon Ancien Testament. Tu sais quoi ? Les sauterelles et les pustules. Espèce de mongolien. Mais sinon il fallait vraiment engager des retardés mentaux à la police criminelle ? Il y a pas un seuil d’intelligence à respecter ? Je dirais, suffisant pour comprendre la loi qu’on est censé faire appliquer, savoir lire, des basiques.) Donc, une fois par mois, les idées les plus noires, les angoisses les plus profondes ressurgissent (alors que le reste du temps, ça avance, I swear), c’est le PMS. Le syndrome prémenstruel, qui prend tout ce qu’il y a de difficile, qui restait dans un coin, et qui le ressort multiplié par mille. Version mignonne, c’est une sorte de syndrome Bridget Jones, dans la scène d’introduction en pyjama. C’est moi version complètement déphasée. J’ai perdu l’optimisme et le sens de la vie (Natasha Saint Pierre, ca ferait un bon refrain non ?). Heureusement, ça dure juste une semaine. Avant ça durait de 2008 à 2014 ah ah ah.
Hé, j'habite toute seule maintenant. J'expérimente tout cet espace et toute cette liberté. Quelle affaire.

Tout sur ma mère

Ma mère, elle survécu à un vol plané en moto, elle a accouché plusieurs fois, elle a failli mourir d’hémorragies internes. Mais quand elle va chez le dentiste, elle m’envoie un message d’adieu. Elle prend bien le temps, dans la salle d’attente, d’écrire des phrases entières, de finir par bisous (le summum de la communication de l’affection dans ma famille). La lettre d’adieu, le testament. Elle a survécu à l’hôpital de Dreux et sa chirurgie au millimètre, et elle a peur d'une carie :

- Madame, on va vous retirer l’estomac.
- Pour une hémorragie ? Sinon on peut pas cautériser ?
- Ecoutez, on a bien réfléchi, et on s’est dit : on va tout retirer, ça vous fera de la place à l'intérieur.

Quand j’étais petite j’ai été recousue à l’hôpital de Dreux. Il me reste un petit bout de verre à l’intérieur. J’ai un petit bout de verre et une cicatrice de gougnafier sur le front. Ma mère, sa jambe a été recousue bras dessus bras dessous. Ça fait une farandole, un accordéon. On l’a recousue comme on essaye de fermer une valise. Il y en a un qui tient les bords n’importe comment, et l’autre qui fait glisser la fermeture, n’importe comment également. Parfois ça ripe, pfiout, mais c’est joli, ça fait un accordéon. Elle est rafistolée au pistolet à colle, mais elle a peur d’une carie.

samedi 18 novembre 2017

La théorie de la serpillère, ou la théorie miroir à celle du queutard, précédemment énoncée

J’ai pensé à un projet de thèse. Ca s’appellerait : « Bouleversement des normes et déséquilibre relationnel dans les relations amoureuses, l’idéologie à l’œuvre dans la variété française du vingtième siècle ». D’un côté, il y a le queutard, qui dit : arrête de faire ta chochotte, même si je te trompe, j’ai besoin que tu sois là, j’ai besoin de m’appuyer sur toi comme une béquille, parce que tu es bien gentille et que tu prends soin de moi avec dévotion. Quand t’es pas là, il n’y a plus personne pour m’aimer. Alors viens je nique des meufs, je t’aime bien, et tant que j’ai besoin de m’appuyer sur toi, tu restes.
C’était le résumé de l’article sur la chanson de KeBlack (mon chanteur préféré après Benjamin Biolay, le roi des faux-futurs suicidés). Ces mecs-là, ma cousine les appelle les « takers». Parce que ça a un nom en anglais en plus ! Donc, un mec ça ment, comme ci-dessus ca mène une double vie, nous on aime avec dévotion, et on s’occupe de lui, comme à suivre ci-dessous. Voilà voilà.

Grosse grosse propension des meufs à être des serpillères qui n'envisagent contre toute attente, pas de vivre sans le queutard. D’où le titre de l'article. J’ai ré-entendu une vieille chanson d’Axel Red. Depuis toujours, je croyais qu’elle disait « MAIS LAISSE-MOI, RESTE ET PARS ! ». Une folle. Antithèse de folle. Mais pourquoi pas. Cependant, révélation : elle ne dit pas « laisse-moi, reste et pars ». Non. Elle dit « Laisse-moi rester femme ». Elle supplie, elle lâche tout. Fini le quotidien chiant (parce qu’elle est chiante hein), et son envie d’être en couple stable, de se tenir au courant de la vie du mec. Elle lâche sa personnalité, sa dignité, ses envies, ses habitudes, le spectre entier de son identité. Pour qu’en échange, il la laisse rester femme. Allez. Petite question : ça veut dire quoi rester femme ? Hypothèse 1 : ça veut dire, viens on fait encore du sexe ; rester femme, c’est conserver sa sexualité avec le partenaire. Hypothèse 2 : ça veut dire, viens on dirait que tu restes pseudo en couple avec moi, comme ça je ne suis pas seule au monde, et je conserve mon identité. Rester femme serait : se tenir complète, tenir debout, empêcher que le sentiment d’existence ne vole en éclat, parce qu’il n’y aurait plus d’homme pour renvoyer l’image de son existence.
Mini-tour d’horizon de la dépendance affective, autrement appelée : je veux être de l’ombre de l’ombre de ton chien quoi qu'il arrive reste à côté de moi : « Faut-il que je saigne, pour qu’il m’aime aussi, pour ce que je suis », de je sais plus qui. La réponse est : oui, au moins. Essaye toujours, ça a l’air d’être une bonne idée.  « Je ne sais plus comment t’aimer, ou comment te garder » Natasha Saint Pierre, autrement dit : que te donner de plus pour que tu restes ? Mon sang ? Je suis O négatif.  Inspiration la chanson d’avant.

Alors le fond de tout ça, c’est la peur terrifiante que personne ne nous aime, la peur panique de ce qui arrive quand on est seule : comment on « tient » notre identité, qui va valider notre existence, nous trouver mignonne, nous faire un câlin, nous faire exister en nous donnant de l’attention ? Que faire de toute cette liberté, de tout cet espace, juste pour nous ? Je suis vieille, peut-être serai-je seule toute la vie, or la vie seule est triste, donc ma vie sera nulle ; je devrais faire un effort pour avoir un vrai couple, peut-être que c’est ma faute, je devrais être moins sensible. Bla bla bla bla.
FLASH INFO : Non non non. Vous je ne vous connais pas, mais moi je suis cool, je suis un éducateur, je suis aimante, compréhensive, patiente, travailleuse, dure à la tâche, j’aime le sexe, et je suis bien meilleure que toi quand c’est connecté (le sexe, c’est toujours pas du fitness en levrette, deuxième flash info). Le fail vient des interactions que j’ai choisi de conserver. Récemment j’ai réalisé que je n’aurais pas pu faire mieux avec ce que j’avais, comme partenaire. Je n’aurais jamais pu construire quelque chose d’harmonieux, un couple heureux, avec les interactions que nous avions. Voilà c’est tout.
Je prends ma part de responsabilité. J’ai pu m’engager alors que je voyais que ça n’allait pas. J’ai pris un mec qui m’aimait pas, pour lui courir après, et un autre qui m’aimait pour tenir la distance. En même temps. J’ai essayé avec beaucoup trop d’entre vous. J’ai trop forcé quand ça n’allait pas, j’avais une peur panique d’être seule. Néanmoins, je me suis barrée A CHAQUE FOIS quand même, avec un déluge d’angoisses violentes et d’envies de mourir derrière. Donc déjà, je suis pas une faible. J’ai décidé de ne plus m’engager dans rien, si ce n’est pas un amour évident, harmonieux, qui donne des rigolades et des enfants. Un truc qui roule, une Ferrarri qui roule toute seule sans lutte. Sinon, je ne peux pas faire mieux, quand c’est bancal c’est bancal. Dossier caca, dossier caca.
Ca y est j’ai compris mes limites (que doit-on endurer pour être aimé ?). Je ne tolère pas/plus, parce que j’étais championne : la dévalorisation, la violence psychologique, la manipulation, la relation-compagnie sans amour, la relation d'amour sincère sans partenariat ni intimité. Et le prochain qui me dit « trouve toi un vrai mec », « les filles violées l’ont cherché », « tu n’es pas généreuse, tu dois te mettre en levrette quand je le demande, même si tu n’as pas de plaisir, c’est ça les couples! Tu n’auras jamais de mec en restant comme ça, tu es trop égoïste », « ou j’ai pas le temps à t’accorder pendant tiuon IVG, je déménage » je le prends et je le mets dehors fermement. Ca sort de la zone. C’est moi qui décide de la place que je leur laisse. Il y a : être respectueux et bon, et ça nous élève et ça nous épanouit, ou tu sors. Je me débrouillerai avec toute cette liberté et toute cette solitude qui m’arrivera à la gueule. Y’a matière à en faire quelque chose une fois la panique passée. Et sinon, ça ne donnait rien de bien de toute façon.