mercredi 24 juillet 2019

La vie commence à me rendre un peu.

Je me balade toujours à poil à la fenêtre de ma chambre. Bon. Il n'y a personne en face. Mais disons que je donne. Assise à l'arrêt de bus à Montgallet. Un gros renoi arrive à demi nu à la fenêtre devant moi. Et voilà: je reçois.
J'aime bien les métaphores dans les livres taoïstes (et dans les films, mais ça n'a rien à voir - la multitude de métaphores dans Parasites: le dessous, sous-sol, sous la table, sous la maison, sous les rues; les cafards grouillants). C'est l'histoire d'un vieux grabataire, c'est de l'eau qui coule, un arbre qui pousse: c'est limpide, c'est précis, on n'est pas dans le chichi, et c'est beau comme un camion.

Dans les films de Christophe Honoré, les femmes aiment désespérément Louis Garrel

 et Milos Forman (tout le monde aime désespérément Louis Garrel, on dirait. J'ai manqué quelque chose? C'est les yeux toujours à demi clos, c'est ça? Un petit côté désabusé endormi?). Ils ne sont pas amoureux, ils sont ailleurs, ils sont morts, et ça chante et ça ne peut pas les oublier, gnagnagna. Est-ce que vraiment on entretient toute seule dans son coin, un amour pour quelqu'un qui ne donne rien? Est-ce qu'on produit toute seule sur notre petite roue de hamster de l'amour, toute cette énergie, toutes ces pensées, tout cet enthousiasme, encore et encore? 
Citons le philosophe Anne Sylvestre, dans Les gens qui doutent:

J'aime (...) ceux qui n'auront pas honte 
De n'être au bout du compte 
Que des ratés du coeur
 Pour n'avoir pas su dire
 Délivrez-nous du pire
 Et gardez le meilleur 
J'aime leur petite chanson 
Même s'ils passent pour des cons. 

Etablissons un nouveau paradigme, c'est celui d'une énergie nourrie et entretenue à deux. Laissons là le camp des ratés du coeur. C'est sympa au cinéma, mais après on sera morts, donc venez, on bascule sur un paradigme opératoire durant le temps dont on dispose (sans vouloir vous affoler). 

mardi 16 juillet 2019

Chroniques culturelles, comme dans le Masque et la Plume mais sans le mépris et la hauteur-c’est-moi-qui-détiens-les-clefs-du-monde-laissez-faire, bourgeois

Chronique de tout ce qui m’a fait me sentir appartenir à la même branche de l’humanité : White de Bret Easton Ellis, et les passages observateurs vanneurs sur Richard Gere dans American gigolo, Tom Cruise et son image de sex symbol qui s’étiole. Parfois, Bret Easton Ellis semble avoir été anesthésié et surplomber l’humanité du haut de ses anxiolytiques. La Femme de mon frère, de Monia Chokri où comment entrer dans l’esprit en tourbillon du personnage, ça voltige, ça s’entrechoque, c’est brillant, virevoltant rigolo, et un peu névrosé. Un infirmier ringard habillé comme Parker Lewis se transforme en barbu aux bras poilus, duquel émane une sorte de puissance sexuelle douce, une assurance tout à fait différente de son état fébrile de dragueur qui fait des devinettes. 


Philippe Delerm, Journal d’un homme heureux, et sa petite vie, mais vraiment de la fenêtre au jardin, de la cuisine au fauteuil. C’est l’espace parfait pour vivre avec Martine et Vincent. Ca fait partie de mes fantasmes persistants, une vie de famille dans une maison, où chacun est heureux d’être là, où chaque moment est agréable, jouissif, un petit espace-temps dans lequel on est chanceux d’exister, et dans lequel on imagine plonger à l’avance avec délectation (je vais rentrer, tout le monde sera là, occupé, l’espace sera tiède et accueillant).


Chronique du film Ibiza, un soir où j’avais déjà pleuré toute la journée de désespoir de sentir que, vraiment, il n’y avait aucune chance pour que ma famille soit autre chose qu’une association soudée dans un déni de compétition, alors Christian Clavier allait faire diversion. 
C’est donc ça un film de droite (je fais semblant, j’ai vu Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu 1 et 2)? Chacun y est riche, les grands-parents font du scrabble dans une grande maison dans la Somme, et on chie sur les bobos. Je rigole pas, il y a une scène où la famille bobo exécrable qui cultive bio se fait asperger de caca. Belle idée ! une petite scène pas piquée des hannetons. Film précieux, où toutes les répliques sont faites pour être criées par Christian Clavier comme s’il était Jacquouille dans Les Visiteurs. « De la chnouffe ! On m’a proposé de la chnouffe ! ». Un délice de tous les instants.
Le gars a mis son IMC sur tinder. Sérieux? Alors le monde va bientôt s'écrouler (j'ai vu beaucoup trop d'exemples d'ultra-riches s'isoler dans des maisons en autosuffisance pour ne plus réussir à ne pas y penser - okay, une semaine d'angoisse intense pour accepter un effondrement mondial, c'est légitime - ça tombait bien, je faisais le deuil de ma famille et de mes couples passés en même temps, on n'est plus à une tempête émotionnelle - que tout cela me traverse, et que je finisse enfin dans la quiétude), et le mec note son IMC. Alors l'humanité ne va sûrement pas survivre, et lui, s'intéresse au taux de graisse dans son corps. 

- Ca me semble important. Je cherche une femme avec un IMC de 23,5, comme moi. 

Pareil, tout pareil. 

jeudi 4 juillet 2019

J'ai relu les articles depuis 2016: ça a été vite, il y en a quoi? Sept, huit? J'écris si peu que ça... Je ne vous ai même pas parlé de ma colocation de Vincennes, avec le mec cocké qui ne pouvait passer une minute seul sans vider toute la cave pour la re-ranger ensuite -ca aurait été pratique si on avait pu l'orienter selon les besoins, mais il était en shuffle - ? Je ne vous ai pas parlé de mon nouvel appart près du bois avec des voisins qui me menacent, inchallah leurs assistantes sociales les relogent et je vis avec des gens normaux? Cette année, deux amoureux, plutôt bien d'ailleurs, vraiment, rien au rouge sur le violentomètre, que du vert sur le c'estbienomètre.
 L'année prochaine un seul, je suis prête. Je propose: on écoute des podcasts la fenêtre ouverte la nuit, on fait l'amour, on fait des vannes, et le monde est à nous (de toute façon, Faustine a dit que j'aurai un mari, je ne vois pas pourquoi je doute). 

Cover me with kisses baby/ Cover me with love

Prenez une plage. Pas une plage Marmara avec des transats, et des GO. Prenez une plage vide, d'Italie en avril ou de Normandie en juillet. Bon. Il y a du vent, ca vous cravache la tronche, c'est vide, il fait froid. La marée est basse, ou il n'y a pas de marée (c'est quand même bizarre). 
C'est cette plage là que j'aime, parce que je peux marcher sur le sable mouillé, face au soleil, avec dans mon casque whatever que j'ai envie de chanter (Call me, on the line, you can call me any day or night), et je crie cette chanson pendant que le vent souffle, je souris en même temps, c'est le top de moi-même. 
Ecoutez, je suis retournée voir le Facebook de Boris. Apparemment il prend toujours sa teub en photo, ainsi que celle de ses amis. Mashallah, tout va bien pour lui.