mardi 18 avril 2023

Avant de voir La nuit du 12, j'avais pas capté.

La nuit du 12, et Je verrai toujours vos visages, ont permis de mettre de la clarté sur mes expériences. Le mec violent, assis le menton levé, menotté au commissariat, et sa copine maitresse d'école. Il y a une part de mon père, il y a une part de ma mère. Les micro-expressions de mon père sont semblables, il y a la prédation, de la fébrilité dangereuse, le mépris de l'autre (je suis bien plus violent que toi, tu fais le malin, mais tu devrais avoir peur), la pure violence masculine qui peut fondre sur nous à tout instant, et l'immense fierté de tout ça. 

Les attitudes de ma mère ressemblent à celles de la maîtresse d'école: fermeture, agressivité étonnante. Elle s'accroche du fond de ses tripes à la défense de l'agresseur, c'est elle et lui, personne d'autre ne compte ni ne sera protégé, et puis il y a le recroquevillement d'être sa victime en même temps.

C'est les mêmes dynamiques de violence sur tout le continuum, même si les manifestations peuvent différer (ça frappe, ça insulte, ça contraint même si on supplie et on souffre, ça méprise, ça néglige avec délectation, finalement, vous avez la même tête, et c'est la même ambiance). 

La grand-mère d'Adèle Exarchopoulos, dans Je verrai toujours vos visages, c'est une partie de ma mère aussi. Méfiance, rancune envers la victime, culpabilisation, absence de reconnaissance du crime, piédestal de l'agresseur qu'on a décidément trop fait souffrir avec toutes ces vieilles histoires qui n'en finissent pas, et le lien est coupé avec la victime (depuis quand?). Karine Viard dans les Chatouilles. 

Vous me faites peur, maintenant que mes sensations reviennent. Je ressens de l'horreur, de l'incompréhension, je ressens la violence (youpi) (c'est donc ça, le chemin de la sortie: tout a toujours été flou et confus, il n'y avait pas d'espace adéquat où penser cela, et puis ça s'organise et je comprends, lentement, lentement: "aaahh").