mercredi 24 juillet 2013

Vous avez pas remarqué comment je passe inaperçue, je disparais, je suis invisible, quand il s’agit de l’angoisse?

 Je viens trois semaines après, pour dire que c’était tendu du slip. Mais c’était trois semaines auparavant. Pendant les crises de panique, j’implore ma mère de venir me chercher, tout de suite, mais une fois que c’est fini, j’en parle à personne en détails. Je n’y pense même pas moi-même. Une fois que la crise est finie, j’espère que ça ne reviendra jamais, et je fous tout sous le lit. C’est pas malin, mais c’est parce que j’ai peur les mecs. Si j’y pense, ça peut toujours appeler la prochaine. C’est comme Voldemort, il ne faut jamais dire son nom, de peur qu’il n’arrive.
Tout le monde me donne des conseils. Fais du sport et bois beaucoup d’eau (ça, c’est mon père -le sport et le cinéma, ça ne marche plus du tout), tu fais l’intéressante, tu fais de grands signaux pour demander de l’attention, prends-toi par les couilles et arrête de nous les briser (ça c’est quelqu’un qui croit que j’ai besoin qu’on me dise de fermer ma gueule ; c’est un point de vue), fais de l’acuponcture, de la sophrologie, du yoga....
Je ne peux plus être à la limite de la crise en permanence, c’est trop effrayant. Hier, j’ai tenté le tout pour le tout, j’ai renié tous mes principes, et je suis allée voir une psy que me conseillait mon médecin. La meuf était à demi cérébrée, et c’est là que je me suis dit que j’allais devoir me démerder toute seule. Alors j’en ai rien à foutre, je le fais ici. Ca tombe bien, on n’est que douze, on est en petit comité. J’ai toujours tout digéré en écrivant mon blog. Vous l’aviez remarqué. Alors vas-y, chauffe Marcel. Je bosse toute seule, à la débrousailleuse.
 
Liste des choses qui créent les crises:
A l’origine, toujours toujours : des douleurs, ou sensations que je ressens : mal de tête, fourmillement dans le visage... La panique vient en général quand je suis seule, mais pas que. Montée de crise vue : à la BNF, beaucoup, à la gym suédoise, dans le train pour Paris, en soirée, et avant un orgasme (mon corps m’envoie des signaux, mais lesquels?).
 
What is a crise de panique ?
J’ai l’impression que cette douleur/sensation est le signe d’une rupture d’anévrisme, que je vais mourir. Je peine à respirer, je pense que je vais mourir seule (parce que mourir pas seule, c’est vachement moins angoissant), et j’implore ma mère.
C’est comme quand on se noie, et qu’on cherche désespérément un truc auquel s’accrocher. Nos bras battent l’air, claquent à la surface de l’eau, jusqu’à ce qu’ils trouvent une prise, et bon là il y a un espoir. Quand on croit qu’on va mourir seul, on cherche 1. à être rassuré qu’on ne va pas mourir 2. à le plus être seul, pour ne pas mourir seul. Je pense que c’est ça que ma pote appelle la demande d’attention.
 
Pourquoi la peur de la rupture d’anévrisme ?
 Déjà ça fait mourir. Mais là, nous tournons en rond. Une lointaine cousine est morte, il y a à peu près dix ans, jeune, chez elle, en deux temps trois mouvements, d’une rupture d’anévrisme. La femme d’un ami de la famille a fait une rupture d’anévrisme, mais son mari l’a amenée à l’hosto à temps, elle a juste eu la moitié du corps paralysée. La mère d’un mec qui était avec moi au lycée a été aux urgences de l’hôpital de Dreux. On lui a dit d’attendre, qu’elle avait juste mal à la tête (évidemment c’était pas une migraine ophtalmique), et bim coma depuis.
 
Il y a quoi derrière ?
J’ai donc peur de mourir seule, j’ai peur d’être seule, sans parents, sans être appareillée existentiellement à personne.
Cette peur apparaît quand j'ai le temps. J’ai  dépensé beaucoup d'énergie tout au long de ma vie : à lire des livres, à m’énerver contre mon père, à batailler pour faire de Boris ce que j’avais envie d’en faire (mauvaise idée), à avoir de nouveau envie de vivre, à prendre le RER et préparer mes cours. Ca m'occupait. Les crises arrivent quand l’horizon se débouche, et que je n’ai plus rien à faire. Toute l’énergie fait un petit tourbillon et m’éclate à la gueule (interprétation home made).
 
Partie intitulée calme-toi meuf
Se rappeler que ce sont des sensations, ce sont juste des sensations je ne vais pas mourir. Ne pas alimenter la panique.
Quand ça monte, calmer le tourbillon d’énergie.
M’habituer à être existentiellement seule (je le mets sur une liste, c'est un projet qui ne se monte pas en cinq minutes).
 
Mon père qui a une grande expérience de claustrophobe, me dit ça: "quand on est dedans, quand on y est, c'est le moment de ne pas se laisser crever, on fait ce qu'on a à faire pour se mettre bien". Mais il ne s'agit plus d'aller au sport et de fuir. C'est entre moi et moi. Ca me parle. Je vais  travailler, en utilisant la petite marge de manœuvre qui m'est impartie. J'ai découvert que j'avais une marge de manœuvre.