mercredi 12 février 2014

En ce moment, je rêve beaucoup d'Hadrien, le garçon avec qui j'ai été à l'école et qui s'est suicidé. Je rêve qu'il est vivant, ou bien qu'il est présent sous la forme d'une sorte de fantôme: moi seule peux le voir, et je dois intégrer ses décisions au reste du monde, d'un air de rien, parce que ni lui ni le reste du monde ne semblent conscients du problème. Je me rappelle de tout en détails.
 
Mon esprit ne laisse rien partir comme ça. Mes mains s'agrippent toujours à tout (métaphore dans ta gueule). Mon père rêve de son propre père et de ses amis, qui sont morts, certains depuis plus de trente ans. Ils apparaissent et il les fait être dans son rêve, j'aime cette idée. Ca me fait exactement ça.
 
J'aime cette idée : parce que c'est faire preuve de loyauté. C'est faire vivre un peu plus les gens. C'est un peu le principe de la civilisation (la mémoire). Les gens qui entrent dans notre tête n'en sortent pas en une seconde. Sauf si on est candidat de La Belle et ses Princes (c'est pour ça que la téléréalité, c'est la décadence de la civilisation; dites-moi alors pourquoi j'en regarde encore et toujours).
Ce qui explique leur grande capacité à sortir avec des gens à toutes les soirées, à avoir des micro-relations de teubés: c'est que ça n'imprime pas. J'en suis sûre. C'est pas qu'ils prennent le risque d'être tatoué chaque semaine, et d'essayer d'effacer le tatouage du lundi au vendredi. C'est que rien n'imprime. Ils font des choses, ils parlent et ils touchent, mais il n'y a rien qui se passe dans leur cirboulot (dédicace à Ada, si tu nous écoutes).
Pour nous autres, pauvres asociaux qui manquons de flexibilité, d'ouverture, et de savoir-vivre la vie vivante, c'est pas pareil. On peut pas se balader comme ça, et faire entrer n'importe qui. Parce que ça peuple notre esprit, ça prend de la place, et après faut vivre avec. Le monde est dangereux pour nous, parce que tout s'imprime.