jeudi 15 septembre 2016

Catch me if you can

 C’était pas fini avec le mec d’Aubervilliers. Bah non. C’est moi en face. C’est jamais fini, ca dure à l’infini avec moi, puisque je vous aime pour toute la vie, une fois que j’ai commencé à vous aimer. Même si vous êtes des gros fils de chien. Alors d’un côté c’est bien, j’ai de grosses réserves d’amour et de patience ; je pourrais construire n’importe quoi avec n’importe qui du moment que j’ai envie – enfin je commence à rajouter la condition : du moment que c’est pas un gros fils de chien. Mais d’un autre côté, c’est juste que je ne sais pas me barrer et passer à autre chose. Je suis une forceuse, t’as vu. Je force. Je force quand y’a rien pour moi, je me demande si j’ai bien fait tout ce qu’il fallait, si c’est pas ma faute, si je devrais pas faire autrement, parce que si on réfléchit bien, et je pourrais mieux expliquer que, et si je lui montre vraiment comment ca se passe quand on aime quelqu’un…. Assistante sociale tarée, bonjour, je ne suis pas partie, je suis là, tapie à attendre qu’un nouveau mec tout pété arrive. 
Le mec d’Aubervilliers draguait des meufs et leur disait qu’on n’était pas vraiment ensemble lui et moi. Ensuite, c’était pas la meilleure de toutes les idées à ta disposition, de draguer ma pote, parce que tu imagines bien qu’elle m’a tout raconté (c’est exactement, là, à cet instant, que ma vie c’est Melroce place, et pourquoi c’est Melroce place? Parce que j’ai fait entrer un arabe kéké dans ma vie. Je définirai le concept d’arabe kéké plus loin). Donc. Le gars a l’audace des plus grands. On pourrait l’appeler « catch me if you can » -ou gros bâtard de ta race- suivant l’humeur. Le gars tente des trucs énormes : on sait jamais. On sait jamais, dès fois qu’il y ait moyen ! Quand j’y pense j’éclate de rire. J’ai essayé de l’engueuler, mais il faut vraiment que je sois au bout du bout et que j’aie envie de vous prendre par les cheveux pour vous mettre dehors, pour que je gueule et que ce soit impressionnant; sinon ça ressemble à rien, et même moi je m’impressionne pas. C’est pas convainquant, parce que je ne suis pas convaincue. Alors pour lui, c’est étonnant, j’arrive pas vraiment à lui en vouloir. Ca m’étonne, c’est de l’art, c’est de l’innovation, ça me fait rire. 
Je suis vraiment un moine bouddhiste. Ou un canard.