dimanche 19 novembre 2017

Tout sur ma mère

Ma mère, elle survécu à un vol plané en moto, elle a accouché plusieurs fois, elle a failli mourir d’hémorragies internes. Mais quand elle va chez le dentiste, elle m’envoie un message d’adieu. Elle prend bien le temps, dans la salle d’attente, d’écrire des phrases entières, de finir par bisous (le summum de la communication de l’affection dans ma famille). La lettre d’adieu, le testament. Elle a survécu à l’hôpital de Dreux et sa chirurgie au millimètre, et elle a peur d'une carie :

- Madame, on va vous retirer l’estomac.
- Pour une hémorragie ? Sinon on peut pas cautériser ?
- Ecoutez, on a bien réfléchi, et on s’est dit : on va tout retirer, ça vous fera de la place à l'intérieur.

Quand j’étais petite j’ai été recousue à l’hôpital de Dreux. Il me reste un petit bout de verre à l’intérieur. J’ai un petit bout de verre et une cicatrice de gougnafier sur le front. Ma mère, sa jambe a été recousue bras dessus bras dessous. Ça fait une farandole, un accordéon. On l’a recousue comme on essaye de fermer une valise. Il y en a un qui tient les bords n’importe comment, et l’autre qui fait glisser la fermeture, n’importe comment également. Parfois ça ripe, pfiout, mais c’est joli, ça fait un accordéon. Elle est rafistolée au pistolet à colle, mais elle a peur d’une carie.