mercredi 22 août 2018

C’était sous les combles de ta grande maison de campagne au début des années 2000. Une sorte d’odeur légèrement passée, de vieux bois, de vieux draps, de serviette attachée en attendant que le maillot de bain ne sèche, de chaleur tiède. C'était comme si tout avait été posé là par pure utilité, et composait une immense maison dépareillée légèrement poussiéreuse. 

On était assises toutes les deux devant un gros ordinateur, samedi après-midi. On écoutait un album d’Eminem à la couverture bleu translucide, sombre. On avait imprimé des photos, dont une de Katie Holmes, que j’avais collée dans mon agenda. Tout était exactement parfait. Mon envie était dévorante de tout écouter, voir, imprimer, aimer. J’y avais accès par petites touches. Ce n’était jamais assez, il y avait cette tension qui me poussait vers le monde comme un ressort qu’on contracte (Depuis que je relis l'Autofictif, j'imagine Eric Chevillard qui tacle tout ce qui bouge. Immeuse tacleur, Chevillard. Et là, il y a matière à tacler "le ressort qu'on contracte".)