samedi 4 février 2012

Je crois que mon voisin n'en peut plus

de m’entendre chanter Sniper à trois heures du matin ; en plus avec Rassinoux qui change les paroles, on n’a aucune crédibilité (et puis c’est une sorte de blasphème de toucher aux paroles saintes). Depuis qu’on a miaulé, telles des chats écorchés vifs, plusieurs fois ces derniers mois au beau milieu de la nuit, je vois bien que quelque chose à changé chez lui ; il ne porte plus ses petites chemises bleues comme avant.
Hier on voulait rentrer de Saint Cloud après une soirée social-démocrate par une nuit d’hiver, et il y avait une fine équipe dans la gare. Ca ne lésinait pas sur la sécurité. Deux quais, pas de train, mais sept mecs qui suivent dans chacuns de leurs déplacement tous les sarrasins qui passent par là (la méthode Charles Martel, déjà expérimentée à Levallois-Perret), qui s’occupent de virer un mec qui vomit : l'évènement le plus traumatisant depuis qu'une vieille s'est cassée le coccyx dans le hall, en 2009. Alerte à toutes les unités, quelqu’un a vomi dans la gare de Saint Cloud les gars, appelez la BAC, les stup’, les moeurs, Julie Lescaut et le mentalist. A Saint Cloud, il y a un mec qui vomit, la caserne de pompier est mobilisée.
Encore une soirée qui viendra garnir les rangs de nos histoires de légende (dans tous les groupes, il y a une sorte de mythologie: cette soirée où j’ai été dans la fontaine place du Martroi, la fois où Pauline criait du Agrippa d’Aubigné dans une manifestation, la fois où il y avait un sanglier la nuit, dans la forêt de Saint Lyé, quand Benjamin a mangé une crevette au chocolat à Pantin -on est des déglingos nous-, la fois où Mélanie voulait savoir si on l’aimerait toujours vers deux heures du matin devant la cathédrale de Bourges, le concert de Cheikha Rimitti ou l'histoire sans fin, la fois où on a fumé de la mauvaise beuh en rond, sur Adele, en se tenant par les mains dans une union spirituelle intense).
Quelques fois la nuit, je sillonne le quai du Louvre pour rentrer chez moi, genre trop genre quoi. C’est la nuit, il bruine, j’écoute des chansons noires d’Alain Bashung et j’ai l’impression de porter un blouson en cuir et de marcher telle un loubard ; en fait je porte un bonnet à pompon, mais il n’y a personne pour me contredire j’en ai rien à foutre, et je suis trop contente.