dimanche 10 mars 2013

Après un bar,

un italien, et un autre bar avec des royales, et une promenade nocturne de Bastille à Nation ; il fait bon en ce moment ; après avoir retourné les choses dans tous les sens et avec toutes les personnes en présence, une sorte de conclusion m’est venue dans le noctilien. Soyons honnêtes. On vit une sorte d’éventail extrêmement large de situations. Large mais large sa mère. De la plus intense douleur (et par là j’entends aussi les crises d’angoisses de quatre heures du mat’ à supplier ma mère de venir parce que manifestement je vais mourir. Je ne sens plus le côté droit de mon visage et tout mon corps tremble violemment ; j’inclus aussi la douleur de la solitude existentielle, à l’origine desdites crises d’angoisses de folle-dingue ; la douleur d’aimer quelqu’un qui ne nous aime plus ; la douleur qu’il n’y ait plus d’œufs bio au Monoprix, tout ça) à la prostration, à des  trucs super jouissifs.
Il y a deux pôles. J’aurais été Boris ; j’y repense en ce moment parce que j’ai rêvé de lui cette semaine ; j’aurais été lui, j’aurais écrit un essai qui se serait appelé « les pôles », puis j’aurais fait deux trois peintures, noir gris et blanc ; en grand format. Ensuite je serais sortie me branler avec mes potes qui se flattent mutuellement de leur intelligence foudroyante. Je dis ça mais je commence à comprendre : je commence à vivre exactement la même chose. C’est trop cool d’être arrogant.
Donc il y a deux pôles. L’individualité qui est toujours en mouvement, qui veut plus, qui ne se satisfait pas de son partenaire. Le pôle qui voit qu’il y a mieux et qui veut mieux. Et c’est l’expression sans limite de l’individualité qui fait que personne n’est en couple pour la vie ici. Il y a plus beau, plus sexe, plus intelligent, à chaque soirée. Et l’étude comparative nous donne envie de nous casser de notre couple ; parce qu’on ne va pas vivre juste ça toute notre vie. Faut pas déconner. Et puis l’autre pôle, c’est quand on a désespérément besoin de s’endormir dans les bras de quelqu’un ; qu’on nous fasse un câlin.
Et nous sommes ballottés entre ces deux pôles ; à la fois prêts à tout pour obtenir notre horizon d’attente, mais prêts aussi, à toutes les compromissions pour dormir dans les bras de quelqu’un (un teubé qu’on méprise, un qu’on n’aime pas, un pervers narcissique qui ne nous aime pas, un avec lequel on se dispute depuis 2010 tous les jours, un qui nous a donné une gifle, un qui nous traite comme une sous-merde, un qui a déjà une meuf mais du moment qu’on n’en parle pas). Pour rester dans ce couple, on est prêt à toutes les humiliations/compromissions. Et de l’autre côté on s’en fout, il y a le monde qui nous attend. Et on oscille on oscille ; on a envie de gerber (métaphore nauséeuse: prix de la poésie 2013).