samedi 9 mars 2013

Le premier printemps

où j'ai senti les fleurs, sautillé en allant en cours et mis des jupes blanches en dentelle telle une pucelle décérébrée, c'était au lycée. Ca fait longtemps. On est vieux maintenant.
 Maintenant, quand je sens que je suis de bonne humeur, je me félicite. Quand je prends le soleil sur mon canapé, je ne me sens plus de joie. C'est long de se refaire une vie suffisamment kiffante. C'est étrange de comprendre qu'on est tout seul tout seul.
 Mais ce qu'il y a de bien maintenant que je suis une antiquaille, c'est que je suis sûre d'avoir des amis. Deux ou trois. Ils savent exactement qui je suis, tout; comme seul Boris le savait. Et ils n'ont pas tourné les talons. On marche ensemble, et on a une vraie connivence. J'ai toujours peur que les gens ne m'aiment pas, mais avec eux moins.  
 Les meufs, on sait bien qu'on ne peut pas tout miser sur nos mecs. Les bâtards. C'est fini ce temps là. On s'envoie des message entre nous à la Saint Valentin. J'aurai au moins reçu une déclaration d'amour véritable (une pas juste pour pécho). 
 Ce qu'il y a de bien maintenant que je suis une antiquaille, c'est que j'ai en permanence plusieurs coups sur le feu, et je commence à avoir confiance. Mais toujours avec l'enthousiasme d'une pucelle décérébrée.