lundi 11 mars 2013

C’est la moindre des choses

de ne rien oublier, même si c’est désagréable. C’est la moindre des choses de se souvenir de tout, même si ça pique un peu parfois. Je n’ai pas du tout envie de faire autrement. C’est normal d’avoir comme une douleur dans la poitrine quand on pense à des gens qu’on ne peut plus voir. J’ai mis sept ans à cesser de rêver de ma copine du lycée qui ne veut plus nous voir, avec Gwen. Je préfère mes amis ; on est trop une bande d’asociaux intellos. Mais j’ai quand même rêvé d’elle pendant des années. Et j’en ai pour dix ans, à rêver de Boris.
 Le truc c’est qu’en fait: j’aime quand même, et je le garde cet amour, et voilà, pourquoi l’étouffer ? Je fais d’autres trucs, avec d’autres gens, mais je le garde vivace tant que j’en ai envie. C’est pas parce que l’autre ne nous aime plus qu’on ne doit pas l’aimer. Je ne vois pas la contre-indication. Je m’en fous de paraître faible. Je vous emmerde. Un jour j’ai décidé d’aimer sans contrepartie tous les gens que j’avais envie. De ne pas avoir peur de paraître ridicule ou faible, ou en situation de déséquilibre. Je ne sais plus trop quand c’est venu, mais je me rappelle que c'est venu. 
Alors maintenant je rêve, j’en parle, je mange prie aime, toutes ces conneries d’Anna Gavalda, je ne me mets aucune limite. Surtout, je crois que je ne sais pas faire autrement. C’est une façon d'être loyal. N’entrez pas dans ma zone de sécurité sans savoir où vous mettez les pieds, je ne m’en remettrai jamais si vous partez. 
Boris me disait souvent quelque chose comme "ce que tu me fais, ça m'abîme irrémédiablement, je ne peux pas en guérir totalement" (parce que je l'avais quitté soixante-douze fois avec perte et fracas). Un: et mon cul, petit bâtard? Et deux: pour moi par contre, ça a l'air de fonctionner comme ça; j'aurais jamais cru.