mercredi 13 mars 2013

Julio, moi, et les autres

 Je me repasse souvent les vieilles émissions de Thierry Ardisson, la nuit, sur youtube. Je regardais Tout le monde en parle sur la télé en haut de l'armoire, dans la chambre de mes parents le samedi soir, quand ils faisaient des dîners en bas avec leurs amis. Ils parlaient très fort; mon père parle très fort quand il boit, puis vient le moment où il somnole un peu et veut nous prendre dans les bras. Je prenais des gâteaux apéros, et j'attendais la fin de soirée en regardant la Trilogie. Je m'endormais tout habillée vers une heure du matin. C'était un bonheur absolu. Le truc le plus excitant de ma vie de pré-adolescente à Dreux. Il y avait une sorte d'émulation, dans Tout le monde en parle; qui, comparée à ce qui m'était donné en pâture (pas grand chose à part les romans d'Agatha Christie et la littérature de vampire pour les 12-13 ans), était électrisante. Il y avait les vannes de Laurent Baffie. Les vannes, c'est de l'art.
Donc je regardais une vieille émission, l'invité: Julio Iglesias. Il disait qu'il avait eu une période de dépression, durant laquelle il nageait jusqu'à l'épuisement tous les soirs pour pouvoir dormir. J'ai trouvé ça intriguant: je faisais pareil lors de ma première année de crises d'angoisse, quand il y avait une piscine au bout de ma rue. Dépression, mon oeil, Julio, tu ne sais juste pas mettre le bon mot sur tes crises. Quand il a entrepris de détailler: j'ai commencé à crier "Naan" dans l'appartement. Il disait qu'il avait mal à la tête, qu'il croyait faire un AVC, qu'il croyait qu'il allait mourir, et que ça le mettait dans un état dans lequel il avait vraiment l'impression de mourir.
Bam. C'est ça que j'aime bien. Quand je sens qu'il existe une sorte de communauté de la douleur, à l'échelle de l'humanité. On n'est pas perdus.