mercredi 2 septembre 2009

J’étais sûre et certaine de pouvoir relire mon mémoire

en écoutant « Et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plaît, et tu tapes, tapes, tapes…Le vent de foliiie » (bah quoi). Mais c’est difficile. J’avais pourtant traversé des épreuves bien plus graves. Le voisin du dessus qui arrache son parquet à sept heures du matin, le voisin du dessus qui cloue un nouveau parquet à sept heures du matin, le voisin qui ponce son parquet et fait vibrer mes murs, le voisin qui déplace son armoire normande… Mais c’était le mois d’août ! C’est interdit de faire ça normalement !

- Oui, bonjour, je suis la voisine du dessous. Je voulais savoir s’il est possible que le matin, vous commenciez les travaux, disons…à neuf heures ? Ou bien d’arrêter les travaux, parce que je travaille mon mémoire en ce moment, c’est très important, et vous comprenez, je déteste la BNF, je n’aime pas y aller, je préfère travailler chez moi. Alors oui ou non ?

Evidemment c’est jamais le locataire qui répond, ce sont toujours des ouvriers en stage (la malédiction du stage : il reste un salarié sur Terre, ou bien il n’y a que des stagiaires ?).

- (Une coupe tecktonik recouverte de plâtre) Euh, mais vous voyez, je ne peux pas dire ça à mon patron. Il s’en fiche. Vite, je n’ai pas le droit de faire de pause. Au revoir.

Et puis finalement, avec des boules quies –pour les bruits sourds- et par-dessus, Doc Gyneco à fond –pour le calme de l’esprit- ça fonctionne. Oui je sais c’est n’importe quoi. C’est pour ça que je me suis exilée chez Boris. Mais avant de commencer à travailler, j’ai du faire le ménage et le rangement de tout son appart.

- Mais ! Ca fait deux mois que tu as emménagé ! Tu n’as pas ouvert tes cartons ?
- Non, je t’attendais. Parce qu’il faut faire le ménage avant.

Ah bon ? Mais là on peut appeler M6. Y’a des vieilles qui vont venir avec de l’eau oxygénée et une équipe de stagiaires va tout nettoyer –on me la fait pas à moi, elles sont bien trop vieilles pour tout nettoyer toutes seules.

- Les deux vieilles putes là ?

Tu as tendance à insulter facilement les gens. C’est ton humour.

- Non c’est pas mon humour. Mon humour est subtil: c’est un mélange de provocation, de désespoir et de désabusement, avec une pointe de sarcasme misanthrope.
- Oui, enfin t’aimes bien dire des gros mots quoi.

J’ai tout rangé (je suis vachement forte en rangement-aménagement-ménage : des années à l’école Valérie Damidot), et maintenant je peux te demander n’importe quoi.

- Tu me lis une histoire ?
- Non j’en ai marre, je t’ai lu trois fois Peter Pan, deux fois Pinocchio, ne parlons pas des contes de Grimm…
- Ecoute Boris, j’ai perdu deux jours à faire ton ménage alors qu’il ne me reste plus qu’une semaine pour terminer mon mémoire. Mon mémoire ! Et je ne l’ai pas du tout fini ! Mon mémoire ! C’est important. Mais comme je suis gentille, je suis venue. Alors..
- C’est bon, je te la lis ton histoire !

Et je sens que ça va marcher encore longtemps comme ça. Si en plus t’avais de l’argent, je pourrais demander un cadeau. Mais bon. On n’a pas toujours tout ce qu’on veut.