mardi 23 mars 2010

Ce week-end dans le train,

j’ai eu affaire à un dragueur mathématicien-philosophe. Spécimen inconnu. Il est venu me parler, et s’exprimait en termes de suites arithmétiques, et d’espaces vectoriels. Je n’avais jamais vu ça.

- Bonjour mademoiselle. Je me permets de vous parler, je vous ai vue à la gare. D’habitude je n’aborde pas les gens, mais il semble que vous soyez différente du commun des mortels. J’ai pris ce train pour vous parler. Vous êtes un soleil, vous êtes parfaite. Les autres gens ont des défauts physiques, mais vous non. J’aimerais explorer avec vous les valeurs continues. Ne nous arrêtons pas sur les valeurs discrètes qui composent le langage. Vous êtes une des plus belles femmes du monde.

Oui. En fait je crois qu’avec mes proportions, on peut recomposer le nombre d’or. En plus, mes bras forment deux droites parallèles, et ma tête un cercle parfait. En d’autres termes, je suis la perfection mathématique.

- Vous n’êtes pas comme les autres. Vous êtes d’une beauté surnaturelle. Vous avez forcément fait quelque chose.
- Oui. Alors j’ai des prothèses dans les cuisses et les fesses. Pour leur donner un beau volume. C’est un nouveau composé organique que m’a posé mon chirurgien. L’idée, c’était que je ne rentre plus dans les jeans H&M. C’est très demandé aux Etats Unis. Ca s’appelle l’hippochirurgie, pour se rapprocher de hippopotame, et s’éloigner des tailles du prêt-à-porter.
- C’est vrai ?
- Robert Mitchum…Comment t’expliquer ça en termes mathématiques…

Puis j’ai dit que je devais lire l’Anti Dühring, j’avais du travail. C’est bien agréable d'entendre dire qu’on est exceptionnelle, mais à un moment, il faut penser à arrêter. La drogue.

- Vous décidez donc de me faire appartenir à un espace vide, par rapport à votre propre espace vectoriel, je ne suis ni x, ni y, ni z. Je suis le néant, je suis…
- Voilà. Tu es π et moi je suis 3, 14. Nous ne fusionnerons jamais de façon adéquate.