dimanche 28 mai 2017

Cette année, j’ai flirté avec

 Olivier, Henrick, un Stéphane, Paul-Lou, Mickaël, Serge, Saïd. Je suis sortie avec Abdoul-Karim, Steeve, Jacky, un autre Stéphane, Darryl, Kevin, (les prénoms, c’est un gag, ça n’augurait rien de bon, mais j’avais pas encore trouvé l’idée de leur faire coucou du bus, faut me comprendre), Morad, Anas. J’ai revu Chaouki et Amine. Donc l’information principale, c’est que, un, j’ai un truc avec les marocains, et puis deux, que ca fait beaucoup en tout, et c’est pas mal déjà. J’ai fait mon job, de me jeter dans l’inconnu (Ah bon, il ne fallait pas se jeter dans les inconnus ?).
Vous voyez, ce que j’en retire, c’est que j’ai entraperçu avec eux des composantes de l’amour que je n’imaginais pas pouvoir vivre, moi, ou que j’avais oubliées. J’ai goûté à la drague jouissive dès la rencontre, qui commence au détour d’un magasin de téléphones, à l’admiration et à l’envie dans vos yeux, cette fille est trop bien, c’est incroyable, à vous, séduits rien que par ma voix, à la douceur, j’ai goûté à des passions pures, où tu me caresses les cheveux la nuit, et où tu susurres des mots doux pendant l’amour en me regardant comme si j’étais la huitième merveille du monde. J’ai goûté à des soirées à discuter, côte à côte dans le canapé, juste contents d’être là. J’ai goûté à ta détermination pour me voir ne serait-ce que quelques heures, allez, je t’emmène juste au yoga. J'ai gouté tout simplement aux chocolats que tu laissais dans mon armoire, pendant la récré. J’ai goûté la balade au bord du lac où tu me tenais la main et espérais de tout ton cœur me prendre dans tes bras. J’ai goûté à toi qui répètes qu’il ne t’est rien arrivé de mieux dans la vie, j’ai goûté les séances de Kurosawa au Louxor et les analyses de film triturantes, à l’amour très lent et connecté. Aux balades en voitures où je me sentais exactement à ma place, comme si j’avais toujours été là, les fois où tu me prenais dans les bras spontanément dans la rue, au détour d’une conversation où je t’avais fait rire ou attendri, j’ai goûté vos envie de me faire entrer dans votre vie, mardi, jeudi, et samedi, je suis libre, et puis ça te dirait de rencontrer mon père. J’ai goûté l’osmose intellectuelle concernant la méditation, la médecine, le décryptage de la vie politique. J’ai goûté à l’excitation de s’écrire toute la journée des vannes de malade, et ta voix sexy au micro de whatsapp que je réécoutais en boucle. J’ai goûté à ta confiance indéfectible, mais oui, tu devrais commencer des études de médecine, tu peux totalement le faire. A toi qui me demandes l'adresse du collège, pour m'emmener en voiture et qu'on reste plus longtemps au lit à discuter, aux roses que tu m'as apportées un soir.
Je peux recevoir exactement ce dont j’ai besoin ; tout ; c’est possible. Pas besoin de lutter corps et âme pour recevoir une petite miette de considération. Je n'ai pas besoin de me débattre et de retenir mon souffle. Rien qu’en étant là, moi sans contorsion, je peux recevoir tout ça. C’est possible, c’est beau, c’est miraculeux, ça sort de nulle part et c’est étonnant. Voilà voilà.