samedi 22 janvier 2011

Vendredi

j’étais fatiguée. J’ai passé une mauvaise journée et je les ai traités de bande de te-bê. C’est quand un petit m’a dit : te-bê ? Tu parles comme ça ? Mais c’est Maxime en sixième B qui t’as appris le verlan ?, que j’ai dit : mon petit, je parlais verlan que tu faisais encore dans tes couches –comme as la meuf. J’ai vécu avant que tu arrives avec ton sweat nounours à paillettes (c’est censé être « la mode » moi je dis rien, mais c’est quand même n’importe quoi. Ils n’ont toujours pas décidé d’assimiler l’idée du tee-shirt-jean-Comptoir des cotonniers-Charlotte Gainsbourg).

Voilà j’ai dit la réplique fatale, celle de la vieillesse. J’ai aussi dit : moi je m’en fous, je vais aller en doctorat et vous, vous irez vendre des pizzas au Speed Rabit si vous ne voulez pas que je vous apprenne à faire une explication de texte. Tout ce que je ne voulais pas devenir. Etre une classe moyenne demande bien trop d’énergie, je n’en ai pas assez pour à la fois survivre, être sympa, les forcer à écouter ma voix, et faire entrer quelque chose dans leur tête. Le rectorat m’a proposé de faire des remplacements en lycée, j’ai dit non. Laissez-moi tranquille, je ne sais déjà plus faire taire la troisième D, qu’est ce que je vais aller faire dans une classe. J’avais un lumbago et un rhume, j’ai fait toutes les perms de la journée. A la fin, j’ai décidé de me retirer du milieu de l’éducation. Ou alors je choisirai simplement une école de surdoués silencieux.